mercredi 20 mai 2015

43- Intempéries -3- Le beau temps

Quand le beau temps n'est pas si beau que ça...

On dit que les agriculteurs se plaignent sans arrêt. En fait, c'est assez vrai, il faut bien le reconnaitre, en particulier au niveau de la météo. Les dictons de chaque pays sont révélateurs de la vie quotidienne.
Ici, en Espagne, il existe un dicton qui est "nunca llueve a gusto de todos", c'est à dire il ne pleut jamais au gout de tout le monde. Il est normal, dans un pays où la majeure partie du territoire vit dans un climat semi-aride, avec des périodes habituelles de sécheresse de 4 à 5 mois, que ce soit la pluie qui soit le protagoniste.
En France, pays où la pluie est fréquente, où l’on considère sécheresse une période de plus d’un mois d’affilée sans pluie, on dira plutôt, pour se rassurer "après la pluie, le beau temps". C’est le beau temps le protagoniste.

En fait, dans ma série sur les intempéries, je veux vous parler du beau temps. Le beau temps? Parmi les intempéries?
Pour être exact, plutôt que de parler de beau temps, il vaudrait mieux parler de temps chaud.

Chacun a sa propre définition de ce qu’est le beau temps, en fonction de ses besoins ou de ses projets.
En bons citadins, le beau temps est pour vous une occasion de prendre le soleil, d’aller à la plage, de jouer au tennis, d’aller faire une balade au parc ou en forêt, ou de faire des grillades.
En bons agriculteurs, c’est pour vous l’occasion de préparer le sol, faire un semis ou moissonner.
Mais pour moi, producteur de fruits, le beau temps peut aussi devenir un membre actif des désagréables et couteuses intempéries.
Vous allez maintenant comprendre pourquoi.

Chaque plante a un cycle végétatif spécifique, qu’elle porte dans ses gènes depuis ses origines, avec des besoins spécifiques à chaque moment particulier du cycle.
Le cas du pécher est le suivant:
-       En sortie d'hiver, le bourgeon commence à gonfler, en suivant plusieurs stades facilement reconnaissables, classés de A à J, le stade le plus caractéristiques étant le stade F de la floraison.
-       Ensuite vient la nouaison, c’est-à-dire la sélection naturelle qui provoque l’avortement et la chute des fleurs non fécondées et des fruits les moins bien alimentés. On dit qu’un fruit est noué lorsqu’il reste accroché après ce processus. C’est le stade J.
-       Une cinquantaine de jours après la pleine floraison, se produit le durcissement du noyau. Jusque-là, le petit fruit était en formation, en phase de multiplication cellulaire, pour fabriquer en priorité la graine, donc l'amande du noyau, sa raison d'exister, puis le bois du noyau, la protection   physique de la graine, ensuite la chair, avant tout une réserve d’eau et d'aliments pour permettre à l'arbre d’arriver au bout de la maturation de la graine en cas de difficultés, et enfin l'épiderme, protecteur de la chair.
-       Dans la dernière phase du cycle, après le durcissement du noyau, vient le processus de grossissement qui permet au fruit, désormais entièrement formé, amasse de l’eau et des réserves pendant que la graine termine son évolution. Lorsque celle-ci est mature, elle produit de l’éthylène qui provoque la maturation du fruit, puis l’abscission du pédoncule, provoquant sa chute, s’il n’a pas été cueilli ou dévoré avant.

Que se passe-t-il quand le temps est "trop beau"?
Selon les périodes du cycle, les conséquences sont différentes.
-       Un temps trop beau pendant la phase de multiplication cellulaire (entre la floraison et le durcissement du noyau) est rare. Cette période est surtout sensible au froid, à l’humidité ou au manque de lumière provoqué par un temps couvert très prolongé, qui peut réduire l’activité de multiplication cellulaire, et donc réduire la capacité du fruit à grossir.
-       Un temps trop beau durant la phase de durcissement du noyau peut provoquer son éclatement, ou la séparation des deux moitiés du noyau. Ce phénomène se traduit par un déclassement des fruits atteints, ou une interdiction de mise sur le marché. En effet la normalisation interdit la vente des fruits dont le noyau est ouvert, bien que ça n’altère en rien sa qualité. On reconnait ces fruits par une ouverture visible au niveau du pédoncule, souvent accompagnée d’une déformation des fruits en deux moitiés bien marquées. Cela peut aussi être une porte d’entrée pour divers champignons de conservation ou pour les perce-oreilles.
    À droite, une nectarine normale, à gauche une nectarine avec le noyau fendu.

-       Enfin, un temps trop beau durant la dernière phase accélère le processus de maturation du noyau, donc de grossissement du fruit, avec production de fruits trop petits et de faible potentiel gustatif.

Cette année, notre saison a commencé par un printemps plutôt froid, bien que sans gelées. La floraison a donc été très tardive. La phase de multiplication cellulaire a duré anormalement longtemps, freinée par ce temps froid.
Ensuite, le temps a nettement changé, accélérant beaucoup le cycle.
Finalement, les variétés les plus précoces sont arrivées à des dates normales.
Floraison tardive + maturité normale = cycle anormalement court.

Quand le beau temps n'est pas si beau...

Pour vous donner quelques notions des conséquences, je vais vous donner quelques chiffres.
Dans les régions traditionnelles de culture du pécher, les variétés cultivées ont des cycles compris entre 110 et 180 jours, entre floraison et récolte.
Ici, comme en Afrique du Nord, au Mexique, au Moyen Orient, en Australie ou dans le sud des Etats unis, on plante des variétés dont le cycle est compris entre 75 et 100 jours, parfois moins. Ces variétés ont des cycles très courts, mais donnent des caractéristiques de fruit très similaires à celles des zones traditionnelles. La phase de grossissement final peut être de plus de 1mm par jour.
Cette année, les cycles se sont raccourcis, sur les variétés les plus précoces, c’est-à-dire sur celles qui ont les cycles les plus courts, entre 5 et 8 jours.
Dans la classification commerciale normalisée, une pèche d’un diamètre de 58 mm est un fruit petit qui va peser environ 110 grammes, alors qu’une pèche d’un diamètre de 68 mm est un fruit gros qui va peser environ 150 grammes.
Un arbre qui porte 400 fruits va donc produire 44 kilos de fruits s’ils pèsent 110 grammes, mais  60 kilos de fruits s’ils pèsent 150 grammes.
Ces 16 kilos d’écart sont 8 tonnes par hectare pour une densité moyenne de 500 arbres par hectare.
Si vous ajoutez à cela que l’agriculteur va être payé près du double pour un fruit de calibre 68 que pour un fruit de calibre 58, vous voyez que le résultat économique n’a rien à voir.
Ça, c’est ce qui fait que le producteur de pèches n’aime pas toujours le beau temps, ou tout du moins quand il arrive au mauvais moment.

À cela, il faut ajouter que des travaux conduits en France par l’INRA et le CTIFL, avec la collaboration des professionnels du secteur dans les années 1990, et publiés dans la monographie du CTIFL « Le pêcher », ont démontré qu’il existe une relation directe entre le calibre de la pêche et sa capacité à la qualité gustative (travaux qui ont d’ailleurs servi de base à la révision de certaines normes de commercialisation concernant la qualité gustative, et à l’interdiction de commercialisation des calibres les plus petits). Plus le fruit est petit, plus il y a de risque que sa qualité gustative soit satisfaisante.
Ça c’est ce qui doit faire que le consommateur bien informé n’aime pas toujours le beau temps.

Ensuite, dernier problème du trop beau temps, les coups de chaleur.
Le coup de chaleur peut avoir un effet direct sur le fruit, comme vous le voyez sur la photo suivante, prise ce 13 mai après-midi ici à Séville, avec une température extérieure supérieure à 41,5ºC. La chair surchauffe jusqu’au cœur, et les fruits les plus proches de maturité peuvent « partir » en surmaturité en quelques heures, sans avoir eu le temps d’atteindre le niveau prévu de calibre et de qualité.

Il peut aussi arriver que la plante n’ait pas la capacité à se fournir en eau en proportion de la demande climatique. Si elle porte ses fruits, elle va pomper dans la réserve d’eau et d’éléments nutritifs que ceux-ci constituent, tout en accélérant le processus de maturation, afin de sauver le plus de graines possible. Elle «sait» qu’elle n’a pas les moyens de survivre longtemps dans ces conditions. Elle va donc déclencher un processus hormonal afin de faire murir le fruit de manière accélérée, quelle que soit sa qualité, et de manière extrêmement groupée. Ce phénomène s’accompagne en général d’une  déshydratation du fruit (la plante en consomme l’eau), le rendant souvent impropre à la commercialisation.

Voilà donc pourquoi le beau temps peut parfois vraiment être du mauvais temps.

43- Bad weather -3- The good weather

When good weather is bad weather...

It is said that farmers always complain. In fact, it's quite true, we must recognize it, particularly with regard to the weather. The sayings of each country is an indication of daily life.
Here in Spain there is a saying that "nunca llueve a gusto de todos", ie it never rains to everyone's taste. It is normal, in a country where most of the territory lives in a semi-arid climate, with periods of usual drought of 4 to 5 months, that the rain is the protagonist.
In France, where rain is frequent, where is considered a drought period if over a month without rain, they will rather say, to feel better "après la pluie, le beau temps", that means after the rain, comes the sun. In this case, the good weather is the protagonist.

In fact in my series about the weather, I want to talk about the good weather. The good weather? Among the bad weather?
To be exact, rather than speak of fine weather, it would be better to speak of warm weather.

Each one has his own definition of what is a good weather, according to his needs or projects.
As good city-dwellers, good weather is your opportunity to sunbathe, go to the beach, play tennis, go for a walk in the park or forest, or grilling.
As good farmers, it is an opportunity for you to prepare the soil, make a seed or harvest.
But for me, fruit grower, the weather can also become an active member of the unpleasant and costly bad weather club.
You will now understand why.

Each plant has a specific growth cycle that it carries in its genes from its origins, with specific needs at each particular moment of the cycle.
The specific case of the peach tree is:
-       At the end of the winter, the bud begins to swell, following several recognizable stages, classified from A to J, the most characteristic one being the blooming stage F.
-       Next comes the fruit set, that is to say natural selection causes abortion and fall of unfertilized flowers, and least fed fruit. This is the stage J.
-       Fifty days after full bloom, occurs the stone hardening. Until then, the little fruit was in formation, in cell multiplication phase to make in priority the seed, that is to say the almond of the stone, its reason to exist, then the wood core, the physical protection of the seed, then the flesh, primarily a reserve of water and nutrients to allow the tree to reach the end of seed maturation in case of difficulties, and finally the skin, protector of the flesh.
-       In the last phase of the cycle, after the stone hardening, the growth process allows the fruit, now fully formed, to accumulate water and reserves while the seed ends its evolution. When it is mature, it produces ethylene, which causes fruit ripening and abscission of the stem, causing its fall, if it has not been picked or eaten before.

What will happen when the weather is "too good"?
Depending on the period of the cycle, the consequences are different.
-       A too good weather, during cell multiplication phase (between flowering and stone hardening) is rare. This period is especially sensitive to cold conditions, humidity or lack of light caused by a very prolonged overcast weather, which can reduce cell proliferation activity, and thus reduce the fruit's ability to get a large size.
-       A too good weather during the stone hardening phase may cause it to break or separate the two halves of the stone. This phenomenon results in a downgrading of fruit affected, or a marketing ban. Indeed standardization prohibits the sale of fruit whose stone is open, although it does not affect its quality. We recognize these fruits by visible opening in the stem point, often with fruit deformation in two very distinct halves. This can also be a gateway to various conservation fungus or earwigs.
   The nectarine on the right side is normal, the one on the left side has the stone broken.

-       Finally, a too good weather during the last phase speeds up the stone maturing process, thus fruit enlargement, with the production of undersized fruits and low taste potential.

This year's season began with a cold spring, though without frost. Blooming was very late. The cell multiplication phase lasted unusually long, held back by the cold weather.
Then the weather changed dramatically, accelerating the cycle a lot.
Finally, the earliest varieties have reached quite normal dates.
Late flowering + normal maturity = abnormally short cycle.

To give you some idea of ​​the consequences, I'll give you some numbers.
In the traditional areas of culture of peach, cultivated varieties have cycles between 110 and 180 days, between blooming and harvest.
Here, as in North Africa, Mexico, the Middle East, Australia or the southern United States, we plant varieties whose cycle is between 75 and 100 days, sometimes less. These varieties have very short cycles, but give very similar fruit characteristics to those of traditional areas. The final grow-out can be more than 1 mm per day.
This year, the cycles are shortened on the earliest varieties that is to say that they have shorter cycles between 5 and 8 days.
In the commercial classification standard, a peach diameter 58 mm is a small fruit that will weigh about 110 grams, while a peach diameter 68 mm is a large fruit that will weigh about 150 grams.
A tree that bears 400 fruits will therefore produce 44 kilos of fruit if they weigh 110 grams, but 60 kilos of fruit if they weigh 150 grams.
These 16 kilos of difference are 8 tons per hectare for an average density of 500 trees per hectare.
If you add to that the farmer will be paid almost double for a fruit size of 68 mm, than for a fruit size of 58 mm, you see that the economic result has nothing to do.
That's why the peach grower does not always like the good weather, or at least when it arrives at the wrong time.


To this, we must add that the work conducted in France by INRA and CTIFL, with the collaboration of specialized professionals in the 1990s, and published in the monograph CTIFL "The peach", have shown that there is a direct relationship between the size of the peach and its ability to taste quality (works which have also been the basis for a revision of marketing standards for the taste, and the marketing ban of the smallest size). More the fruit is small, more there is a risk that its taste quality is not satisfactory.
That is why the informed consumer does not always like the good weather.

Then last problem of too good weather, the heat stroke.
Heat stroke can have a direct effect on the fruit, as you can see on the next picture, taken on May 13 in the afternoon here in Seville, with an outdoor temperature that exceeded 41,5ºC. The flesh is overheating to the heart, and the nearest mature fruits can "jump" over-ripe in a few hours without having had time to reach the expected level of size and quality.

It may also happen that the plant does not have the capacity to provide water in proportion to the climatic demand. If the fruits are not harvested, the tree will pump in the water supply and nutrients that they represent, while accelerating the ripening process in order to save as many seeds as possible. It "knows" that it cannot afford to survive a long time in such conditions. It will therefore trigger a hormonal process in order to ripen the fruit in an accelerated manner, regardless of its quality, and all together. This phenomenon is usually accompanied by a dehydration of the fruit (the plant consumes its water), often making it unsuitable for commercialization.

So that's why the good weather may sometimes be real bad weather.

43- Intemperies -3- El buen tiempo

Cuando el buen tiempo no gusta...

Se dice de los agricultores que están siempre quejándose. En realidad, es verdad, hay que reconocerlo, especialmente en cuanto al tiempo se refiere. Los dichos de cada país son una ilustración de la vida local.
Aquí, en España, hay un dicho que es “nunca llueve a gusto de todos”. Es normal, en un país cuya mayor parte del territorio tiene un clima semi-árido, con periodos habituales de sequía de 4 a 5 meses, que sea la lluvia la protagonista.
En Francia, país donde llueve a menudo, donde se considera sequía un periodo de más de 1 mes seguido sin lluvia, el dicho es más de consolación “après la pluie, le beau temps”, es decir después de la lluvia, el buen tiempo. Es el buen tiempo el protagonista.

Pues en mi serie sobre intemperies, quiero hablar del buen tiempo. ¿El buen tiempo? Entre las intemperies?
Para ser exacto, en vez de hablar de buen tiempo, mejor vale hablar de tiempo cálido.

Cada uno tiene su propia definición de lo que es un buen tiempo, según sus necesidades y sus proyectos.
Como buen urbano, el buen tiempo es para ti, una ocasión de tomar el sol, de ir a la playa, de jugar un tenis, de ir de paseo por el bosque o en el parque, o de organizar una barbacoa.
Como buen agricultor, es para ti el momento de preparar el suelo, de realizar una siembra o de cosechar.
Pero para mí, productor de frutas, el buen tiempo también puede entrar como miembro activo en el club de las desagradables y costosas intemperies.
Ahora vais en entender porque.

Cada planta tiene un ciclo vegetativo específico, que lleva en sus genes desde sus orígenes, con necesidades específicas en cada momento particular del ciclo.
El caso del melocotonero es el siguiente:
-       En salida del invierno, la yema empieza a hincharse, siguiendo varios estados fácilmente reconocibles, clasificados de A a J, con el estado más característico F de la floración.
-       Después viene el cuajado o cuaje, es decir la selección natural que provoca el aborto y la caída natural de las flores no fecundadas y de las frutas peor alimentadas. Se dice que un fruto ha cuajado cuando se queda en el árbol después de este proceso. Es el estado J.
-       Unos cincuenta días después de la floración, se produce el endurecimiento del hueso. Hasta entonces, la frutita estaba en formación, en fase de multiplicación celular, para fabricar en prioridad la semilla, la almendra del hueso, su razón de existir, después la madera del hueso, la protección física de la semilla, luego la carne, ante todo una reserva de alimentos para permitir al árbol llegar al final de la maturación de la semilla en caso de problemas, y finalmente la piel, protección de la carne.
-       En la última fase del ciclo, después del endurecimiento del hueso, llega el proceso de engorde que permite a la fruta, ya totalmente formada, acumular agua y reservas mientras la semilla termina su evolución. Cuando está madura, produce etileno que provoca la maduración de la fruta, y la abscisión del pedúnculo, provocando su caída, si no ha sido cogida o devorada antes. 

¿Qué pasa cuando el tiempo es “demasiado bueno”? según la época del ciclo, las consecuencias son distintas.
-       Un tiempo demasiado bueno durante la fase de multiplicación celular (entre la floración y el endurecimiento del hueso) no es habitual. Este periodo es sobre todo sensible al frio, a la humedad o a la falta de luz provocada por un tiempo nuboso prolongado, que puede reducir la actividad de multiplicación celular, y por consecuencia, la capacidad de la fruta a engordar.
-       Un tiempo demasiado bueno durante la fase de endurecimiento del hueso puede provocar su rotura, o la separación de las dos mitades del hueso. Este fenómeno se traduce por una desclasificación de las frutas afectadas, o una prohibición de venta. En efecto la normalización prohíbe la comercialización de frutas cuyo hueso es abierto, aunque no altere sus cualidades. Se reconocen esas frutas por una apertura visible en el pedúnculo, a menudo acompañada por una deformación de la forma en dos mitades bien marcadas. También puede ser una puerta de entrada para diversos hongos de conservación y para las tijeretas.
    La nectarina de la derecha es normal, la de la izquierda tiene el hueso abierto.

-       Y para terminar, un tiempo demasiado bueno en la última fase acelera el proceso de maturación del hueso, y por consecuencia del proceso de engorde de la fruta, con producción de frutas más pequeñas, y con poco potencial gustativo.

Este año, nuestra campaña empezó con una primavera bastante fría, aunque sin heladas. La floración fue muy tardía. La fase de multiplicación celular tuvo una duración anormalmente larga, frenada por este tiempo frío.
A continuación el tiempo cambio claramente, acelerando mucho el ciclo.
Finalmente, las variedades las más precoces llegaron en fechas normales.
Floración tardía + madurez normal = ciclo anormalmente corto.

Para que tengáis algunas nociones de las consecuencias, os voy a dar algunos datos.
En las áreas tradicionales de cultivo del melocotonero, las variedades utilizadas tienen ciclos de entre 110 y 180 días, entre floración y recolección.
Aquí, al igual que en el Norte de África, en Méjico, en Oriente Medio, en Australia o en el Sur de Estados Unidos, se plantan variedades cuyo ciclo queda comprendido entre 75 y 100 días, a veces menos. Esas variedades tienen ciclos muy cortos, pero dan frutas de características muy similares a las variedades de zonas tradicionales. La última fase de engorde puede ser de más de 1 mm de diámetro por día.
Este año, los ciclos se han recortado, en las variedades más precoces, es decir en las que tienen los ciclos más cortos, entre 5 y 8 días.

En la clasificación comercial normalizada, un melocotón de un diámetro de 58 mm es una fruta pequeña cuyo peso será de aproximadamente 110 gramos, cuando un melocotón de un diámetro de 68 mm es una fruta grande que va pesar unos 150 gramos.
Un árbol con una carga de 400 frutas va producir 44 kilos si las frutas pesan 110 gramos, pero 60 kilos si las frutas pesan 150 gramos.
Los 16 kilos de diferencia representan 8.000 kilos por hectárea para una densidad media de 500 árboles por hectárea.
Si a esto se añade que el agricultor cobrara casi el doble para un melocotón de calibre 68 que para un melocotón de calibre 58, podéis constatar que el resultado económico no tiene nada que ver.
Esto, es lo que hace que al productor de melocotones (y nectarinas), no siempre le gusta el buen tiempo, o al menos si llega en el momento menos oportuno.



A esto, hay que añadir que los trabajos conducidos en Francia por el INRA y el CTIFL con la colaboración de los profesionales del sector en los años 1990, y publicados en la monografía del CTIFL “Le pêcher” (El melocotonero), demostraron que existe una relación directa entre el calibre del melocotón, y su capacidad a la calidad gustativa (trabajos que han servido de base para la revisión de determinadas normas de comercialización relativas a la calidad gustativa, y a la prohibición de comercialización de los calibres más pequeños). Cuánto más pequeña es la fruta, más probabilidad tiene de no tener una calidad gustativa satisfactoria.
Esto es lo que debe hacer que, al consumidor bien informado, no siempre le guste el buen tiempo.

Y para terminar, el último problema de tiempo demasiado bueno, los golpes de calor.
El golpe de calor puede tener un efecto directo sobre la fruta, como lo puede observar en la foto siguiente, tomada este 13 de mayo aquí en Sevilla, con una temperatura exterior superior a 41,5ºC. la carne se sobrecalienta hasta el corazón, y las frutas más cercanas a su madurez pueden “irse” en sobre-madurez en pocas horas, sin haber tenido tiempo para alcanzar el nivel normal de calibre y de calidad.

También puede ocurrir que la planta no tenga la capacidad de alimentarse en agua en proporción con la demanda climática. Si lleva frutas, va tirar de ellas como reserva de emergencia de agua y alimentos, provocando una aceleración del proceso de madurez, para poder salvar la mayor cantidad de semillas posible. La planta “sabe” que no puede sobrevivir mucho tiempo en esas condiciones. Entonces se inicia un proceso hormonal que provoca una maduración acelerada de la fruta, sea cual sea su calidad, y de manera muy agrupada. Este fenómeno se acompaña en general de una deshidratación de la fruta (la planta consume su agua), haciendo que su comercialización sea imposible.

Por eso a veces el buen tiempo, puede convertirse en realmente mal tiempo.