samedi 4 mars 2017

100- Qui nous nourrira?

QUI NOUS NOURRIRA ?

Je dédie ce symbolique article nº 100 à tous les agriculteurs qui travaillent dur pour que la société qui les entoure dispose d'aliments abondants, sains et bons.

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Par le titre « Qui nous nourrira ? », Marjolaine Turcotte, une agricultrice de Sainte-Famille, au Québec, la Belle Province francophone du Canada, démarrait un article dans la revue La Presse, en juin 2016 (http://plus.lapresse.ca/screens/e29d8854-b9bf-4fb3-992f-b6ce15f9c10e%7C_0.html).
L'article est d'autant plus intéressant qu'il est écrit par une femme, agricultrice, qui a fait le choix de convertir sa ferme à l'agriculture biologique.
Elle se trouve en phase de transition, c'est à dire qu'elle n'est pas encore certifiée.
Durant un délai de 2 ou 3 ans (selon les pays) elle devra respecter le protocole d'agriculture biologique, elle sera fréquemment contrôlée afin de s'assurer que tous les points du cahier des charges sont respectés, mais elle n’aura pas encore le droit de vendre sa production sous le label d’agriculture biologique.
Au bout, et seulement au bout de cette période de transition, elle aura le droit de vendre ses produits comme de production biologique, et d'en tirer les bénéfices économiques tant attendus.
C'est sans doute la phase la plus difficile pour un agriculteur, puisqu'il doit apprendre à produire autrement, respecter des choix techniques qu'il domine encore mal et qui peuvent lui jouer des tours, affronter des risques de perte de production sans pouvoirs utiliser les moyens auxquels il était habitué en agriculture conventionnelle, mais sans avoir le droit d'en tirer une contrepartie commerciale. Ce cap de transition peut être difficile à franchir, au point que certains pensent à y renoncer, malgré les aides souvent disponibles. (http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/le-blues-financier-des-agriculteurs-bio-si-ca-ne-se-debloque-pas-j-arrete_1880300.html).

Les remarques de Marjolaine Turcotte sont spécialement intéressantes pour que les non-agriculteurs comprennent un peu mieux ce qu'est une vie d'agriculteur, un peu mieux pourquoi ils utilisent des pesticides, un peu mieux que rien n'est jamais tout noir ou tout blanc, ni même en matière de pesticides, un peu mieux que la production d'aliments est complexe, difficile, couteuse, fatigante, et souvent mal rémunérée.
Car ce qu'elle exprime dans cet article joliment écrit, est vrai pour beaucoup d'agriculteurs, en agriculture biologique ou pas, même si l'aspect temps est plus difficile encore en agriculture biologique.

Je choisis, comme presque toujours, de reproduire le texte intégral, bien que je ne partage pas tous les points de vue exprimés.


« QUI NOUS NOURRIRA ?

À la suite de la diffusion d’une vidéo annonçant un avenir incertain pour l’utilisation de l’herbicide phare de la société Monsanto, le Roundup (glyphosate), un certain malaise m’habitait.

Une partie de moi ne pouvait que se réjouir de voir que ce produit classé comme « cancérigène probable » et banni par l’Union européenne ne sera plus appliqué partout, comme c’est le cas présentement, particulièrement dans les grandes cultures OGM. Par contre, l’agricultrice en moi ne pouvait que compatir avec le drame que cette nouvelle pourrait représenter pour une grande majorité de producteurs agricoles.

Le Roundup est un outil très efficace pour contrôler les mauvaises herbes à faible coût. Si j’insiste sur le coût, c’est que notre ferme est en transition vers le mode de culture biologique. Le glyphosate est donc un outil dont on ne se servira plus. Et ce printemps, nous affrontons une quantité impressionnante de mauvaises herbes très envahissantes (chiendent, pissenlit, oseille, trèfle…).

On a relevé nos manches, sorti nos fourches, chaudières, pelles, bâches, paillis, et on y a mis des heures. Et de la sueur. Et des heures. Et de l’huile de coude. Et encore des heures…

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On l’a fait avec tout notre cœur, mais une partie de moi ne pouvait s’empêcher de penser : ça serait tellement plus facile de faire un Roundup.

Parce que, vous savez, le temps, ça coûte cher. Le temps qu’on a mis à arracher des mauvaises herbes, c’est celui à passer en amoureux. C’est celui à partager avec les amis. C’est celui en famille. C’est celui pour soi, pour courir, bricoler, lire, marcher avec son chien. C’est celui de jour, de soir, de fin de semaine. C’est celui pour relaxer un peu aussi. Combien ça vaut, ce temps-là ? Je n’ai pas compté. Ni le nombre d’heures ni ce qu’elles valent.

Ce que je sais, par contre, c’est qu’au moment de vendre mes légumes, je me fais dire qu’ils sont chers. On m’a demandé, dans un marché public, si elles étaient en or, mes carottes. Dans les sondages de satisfaction auprès de ma clientèle, des gens répondent que c’est cher…

Je pose donc la question. Tous ces gens qui applaudiraient l’interdiction du glyphosate (ou de n’importe quel autre pesticide) seraient-ils prêts à payer plus pour des légumes produits sans l’aide de ces produits « sauve temps » ? Seraient-ils prêts à venir désherber dans nos champs ? À étendre et relever les filets contre les insectes, jour après jour ? À assumer avec les agriculteurs les pertes causées par les ravageurs et maladies ? Probablement pas…

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UNE RÉFLEXION COLLECTIVE
Si on veut éliminer ces produits de l’agriculture, c’est toute la société qui devra suivre et changer. On donne sans compter à la recherche pour trouver un remède au cancer, mais on refuse de payer pour de la nourriture exempte de produits cancérigènes. On considère la nourriture comme n’importe quelle marchandise, alors que c’est le carburant qu’on fournit à notre corps.

Quand les producteurs comme nous auront baissé les bras, délaissé leurs fourches, bêches, filets et pelles, qui restera-t-il pour nous nourrir ? Des multinationales de l’alimentation, qui ont aussi des parts dans les sociétés pharmaceutiques ? Sera-t-on nourris par les mêmes sociétés qui nous fourniront les médicaments (à gros prix) et pour lesquels on aura nous-mêmes financé la recherche ?

Je n’ai pas de solutions à proposer, malheureusement. Mais je crois qu’une bonne réflexion collective reste à faire… »


Vous savez, car je l’ai déjà écrit à plusieurs reprises, que je ne suis pas un sympathisant du bio en tant qu’idéologie, en particulier parce que je ne suis pas d’accord avec le fond : tout ce qui est naturel n’est pas bon, et il s’utilise en bio des produits toxiques et polluants, nettement pires que leurs équivalents de synthèse.
Mais j’ai un grand respect pour les agriculteurs biologiques, qui doivent produire et vivre avec moins de moyens que les agriculteurs en production intégrée ou en production conventionnelle. Ils ont les mêmes problèmes, mais ne disposent pas des mêmes solutions. Les prix de vente sont censés compenser, mais ce n’est pas toujours le cas.

Là où je partage totalement son avis, c'est dans l'importance, et l'urgence, d'une réflexion profonde et exhaustive sur le fonctionnement de la distribution des biens, en particulier alimentaires, dans nos sociétés dites "avancées".
Est-il normal et acceptable que le consommateur paye entre 5 et 10 fois le prix touché par le producteur?
Est-il normal et acceptable que le producteur livre ses produits souvent sans en connaitre le prix de vente?
Est-il normal et acceptable que le producteur reçoive fréquemment un règlement inférieur à son prix de revient?
Est-il normal et acceptable que l'agriculture, base de toute économie, puisque c'est la production d'aliments et de matières premières, soit si mal en point, que les pays riches doivent la subventionner, et dans les pays pauvres, les agriculteurs soient parmi les plus pauvres?

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Quelque chose tourne très mal sur notre planète, et il ne s'agit pas de pollution ou de santé.
Il s'agit avant tout de choix politiques qui mettent au dernier plan ceux qui ne s'expriment pas car ils travaillent trop dur et sont souvent résignés devant la puissance de la Nature et devant leur propre impuissance face à l'Administration, la presse et la société.
Nous vivons dans un monde de grandes gueules et de menteurs, dans lequel celui qui gagne est celui qui hurle le plus fort, dans lequel on glorifie et on récompense le jeu, la frime et les coups de gueule, mais dans lequel on pénalise le travail, l’honnêteté, l'éthique, le respect, la discrétion.

Merci Marjolaine pour ce beau texte, et bon courage dans votre difficile choix de conversion au bio.

100- Who will feed us?

WHO WILL FEED US?

I dedicate this symbolic article Nº 100 to all farmers who work hard to ensure that the society around them has abundant, healthy and good food.

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By the title "Who will feed us?” Marjolaine Turcotte, a farmer in Sainte-Famille, Quebec, the French-speaking Belle Province in Canada, started an article in La Presse in June 2016 (http://plus.lapresse.ca/screens/e29d8854-b9bf-4fb3-992f-b6ce15f9c10e%7C_0.html).
The article is all the more interesting because it is written by a woman, farmer, who has chosen to convert her farm to organic farming.
She is in a transitional phase, ie she is not yet certified.
For a period of 2 or 3 years (depending on the country), she will have to comply with the organic farming protocol, she will be frequently checked to ensure that all the points of the specifications are respected, but she will not have yet the right to sell her production under the label of organic farming.
At the end, and only at the end of this transitional period, she will have the right to sell her products as organic, and to derive the long-awaited economic benefits.
This is probably the most difficult phase for a farmer, since he has to learn to produce differently, to respect technical choices that he still does not dominate and who can play tricks on him, face risks of loss of production without having the right to use the means to which he was accustomed in conventional agriculture, but without having the right to derive a commercial counterpart. This transition phase can be difficult to cross, to the point that some people think of giving up, despite the help often available. (http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/le-blues-financier-des-agriculteurs-bio-si-ca-ne-se-debloque-pas-j-arrete_1880300.html ).

Marjolaine Turcotte's remarks are especially interesting for non-farmers to understand a little better what farming life is, a little better why pesticides are used, a little better than nothing is never all black or all white, even about pesticides, a little better than food production is complex, difficult, costly, tiring, and often poorly paid.
Because what she expresses in this beautifully written article, is true for many farmers, in organic farming or not, although the time aspect is even more difficult in organic farming.

I choose, as almost always, to reproduce the full text, although I don't share all the points of view expressed.


"WHO WILL FEED US?"

Following the release of a video announcing an uncertain future for the use of Monsanto's flagship herbicide, Roundup (glyphosate), I was feeling some discomfort.

Part of me could only be pleased to see that this product, classified as a "probable carcinogen" and banned by the European Union, will no longer be applied everywhere, as it is now, especially in GMO crops. On the other hand, the farmer in me could only sympathize with the drama that this news could represent for a large majority of agricultural producers.

Roundup is a very effective tool to control weeds at low cost. If I insist on the cost, it's because our farm is in transition to organic farming. Glyphosate is therefore a tool that we will no longer use. And this spring, we are facing an impressive amount of very invasive weeds (quackgrass, dandelion, sorrel, clover...).

We rolled our sleeves up, pulled out our pitchforks, boilers, shovels, tarpaulins, sickles, and we spent hours there. And sweat. And hours. And elbow grease. And still more hours...

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We did it with all our heart, but a part of me could not help thinking: it would be so much easier to do a Roundup.

Because, you know, time is expensive. The time we have taken to tear weeds away is the one to spend as a lover. This is the one to share with friends. It's the family. It is the one for oneself, to run, to tinker, to read, to walk with the dog. It is that of day, evening, weekend. This is the one to relax a bit too. How much is that worth, that time? I didn't count. Neither the number of hours nor what they are worth.

What I do know, however, is that when I sell my vegetables, I am told that they are expensive. I was asked, in a public market, if they were made of gold, my carrots. In customer satisfaction surveys, people say it's expensive ...

So I ask the question. All these people applauding the ban on glyphosate (or on any other pesticide) would they accept to pay more for vegetables produced without the help of these "time-saver" products? Would they be willing to come to tear weeds away in our fields? To extend and retrieve insect nets, day after day? To assume with farmers the losses caused by pests and diseases? Probably not…

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A COLLECTIVE REFLECTION
If we want to eliminate these products from agriculture, it's the whole society that will have to follow and change. We are giving without counting to research to find a cure for cancer, but we refuse to pay for food free from carcinogens. We consider food as any commodity, whereas it is the fuel we supply to our bodies.

When growers like us will have given up, left their pitchforks, spades, nets and shovels, who will be left to feed us? Multinational food companies, which also have participations in pharmaceutical companies? Will we be fed by the same companies that will provide us with drugs (at high prices) and for which we have funded the research ourselves?

I have no solutions to propose, unfortunately. But I think that a good collective reflection remains to be done ... "


You know, as I have already written several times, that I am not a sympathizer of the organic as an ideology, especially because I don't agree with the substance: everything that is natural is not good, and organic farming is using toxic and polluting products, much worse than their equivalents of synthesis.
But I have great respect for organic farmers, who have to produce and live with fewer resources than farmers in integrated or conventional production. They have the same problems, but don't have the same solutions. Sales prices are supposed to offset, but this is not always the case.

Where I fully share her opinion, it is in the importance, and urgency, of a deep and exhaustive reflection on the functioning of the distribution of goods, especially food, in our so-called "advanced" societies.
Is it normal and acceptable for the consumer to pay between 5 and 10 times the price paid to the grower?
Is it normal and acceptable that the grower delivers his products often without knowing the selling price?
Is it normal and acceptable that the grower frequently receives a settlement lower than its cost price?
Is it normal and acceptable that agriculture, the basis of any economy, since it is the production of food and raw materials, is so sick that rich countries must subsidize it, and in poor countries, farmers are among the poorest?

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Something is going wrong on our planet, and it's not pollution or health.
They are, above all, political choices that put those who don't express themselves out to the last level because they work too hard and are often resigned in front of the power of Nature and in front of their own helplessness against the Administration, the press and the society.
We live in a world of big mouths and liars, in which the one who wins is the one who screams the strongest, in which are glorified and rewarded the game, the sham and the blows of mouth, but in which are penalized the work, the honesty, the ethics, the respect, the discretion.

Thank you Marjolaine for this beautiful text, and good luck in your difficult choice of conversion to organic.

100- ¿Quién nos alimentará?

¿QUIÉN NOS ALIMENTARA?

Dedico este simbólico artículo nº 100 a todos los agricultores que trabajan duro para que la sociedad que les rodea disponga de alimentos abundantes, sanos y buenos.

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Por el título “¿Quién nos alimentara?”, Marjolaine Turcotte, agricultora de Sainte-Famille, en Quebec, la “Bella Provincia” francófona de Canadá, arrancaba un artículo (en francés) en la revista La Presse, en Junio 2016. (http://plus.lapresse.ca/screens/e29d8854-b9bf-4fb3-992f-b6ce15f9c10e%7C_0.html).
El artículo es aún más interesante que está escrito por una mujer, agricultora, que ha elegido convertir su finca a la agricultura ecológica.
Se encuentra en fase de transición, es decir que todavía no está certificada.
Durante un tiempo de 2 o 3 años (según el país), tendrá que cumplir con el protocolo de agricultura ecológica, recibirá numerosos controles para asegurarse de que está cumpliendo todo los puntos del protocolo, pero no tendrá el derecho de vender su producción con el sello de agricultura ecológica.
Al cabo, y solo al cabo de este periodo de transición, tendrá el derecho de vender sus productos como de producción ecológica, y de sacar los beneficios económicos tan esperados.
Es sin lugar a dudas la fase más difícil para un agricultor, ya que debe aprender a producir de manera diferente, cumplir con decisiones técnicas que no domina bien todavía, y que pueden salirle mal, enfrentarse a riesgos de pérdidas de producción sin poder emplear los medios a los que estaba acostumbrado en producción convencional, pero sin tener el derecho de sacarle contrapartida comercial. Esta fase de transición puede ser difícil de pasar, hasta el punto que algunos pueden pensar en renunciar, a pesar de ayudas a menudo disponibles, como es el caso de este agricultor francés en fase de conversión, que no consigue unos resultados económicos suficientes y se encuentra al borde de la quiebra. (http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/le-blues-financier-des-agriculteurs-bio-si-ca-ne-se-debloque-pas-j-arrete_1880300.html)

Las observaciones de Marjolaine Turcotte son especialmente interesantes para que los no-agricultores entiendan un poco mejor lo que es una vida de agricultor, un poco mejor porque emplean plaguicidas, un poco mejor que nada nunca es todo blanco o todo negro, ni siquiera en materia de pesticidas, un poco mejor que la producción de alimentos es compleja, difícil, costosa, agotadora, y a menudo mal pagada.
Porque lo que expresa en este artículo tan bien escrito, es verdad para muchos agricultores, en agricultura ecológica o no, aunque el aspecto tiempo es aún más difícil en agricultura ecológica.

Elijo, como casi siempre, reproducir el texto integral, aunque no comparto todos los puntos de vista expresados.


“¿QUIÉN NOS ALIMENTARA?”

Después de la difusión de un video anunciando un futuro inseguro para el uso del herbicida estrella de la sociedad Monsanto, el Roundup (glifosato), sentía cierto malestar.

Una parte de mí solo podía alegrarse de ver este producto clasificado como “cancerígena probable” y prohibido por la Unión Europea ya no será aplicado por todos lados, como es el caso ahora, especialmente en los cultivos OGM. Pero sin embargo, la agricultora que me habita solo podía lamentar el drama que esta noticia podría representar por una gran mayoría de productores agrícolas.

El Roundup es una herramienta muy efectiva para controlar las malas hierbas a bajo coste. Si insisto en el coste, es que nuestra finca está en transición hacia el modo de cultivo ecológico. El glifosato es por consecuencia una herramienta que ya no vamos a emplear. Y esta primavera, nos estamos enfrentando a una cantidad impresionante de malas hierbas muy invasoras (grama, diente de león, acedera, trébol…).

Nos hemos remangado, hemos sacado las horcas, palas, azadas, guadañas, y hemos gastado horas. Y sudor. Y más horas. Y muchos esfuerzos. Y más horas aún…

Imagen: http://www.abbayedemaylis.org/content/uploads/2014/02/DSC1324.jpg

Lo hemos hecho con todo nuestro corazón, pero una parte de mí no podía evitar pensar: sería tan fácil hacer un Roundup.

Porque sabes, el tiempo cuesta caro. El tiempo que hemos tardado en arrancar las malas hierbas, es el tiempo de los enamorados. Es el de los amigos. Es el de la familia. Es el para uno mismo, para correr, hacer manualidades, leer, caminar con el perro. Es el tiempo de día, de noche, de fin de semana. Es el tiempo para descansar un poco también. ¿Cuánto cuesta este tiempo? No lo he calculado. Ni el número de horas ni lo que valen.

Lo que sé sin embargo, es que en el momento de vender mis hortícolas, me dicen que son caras. Me han preguntado, en un mercadillo, si eran de oro, mis zanahorias. En los sondeos de satisfacción de mis clientes, contestan que es caro…

Pues tengo una pregunta. Todas estas personas que aplaudirían a la prohibición del glifosato (o de cualquier otro plaguicida) ¿estarían dispuestas a pagar más por unas hortícolas producidas sin la ayuda de esos productos “salva-tiempo”? ¿Estarían dispuestas a ayudar a quitar hierba en nuestros campos? ¿A extender y recoger las mallas anti-insectos, día tras día? ¿A asumir con los agricultores las pérdidas provocadas por las plagas y las enfermedades? Probablemente no…

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UNA REFLEXIÓN COLECTIVA
Si se quiere eliminar esos productos de la agricultura, es toda la sociedad que tendrá que seguir y cambiar. Se da sin contar para la investigación para encontrar una solución contra el cáncer, pero se niega el pago para alimentos exentos de productos cancerígenos. Se consideran los alimentos como cualquier otra mercancía, cuando es el carburante que le entregamos a nuestro cuerpo.

Cuando los productores como nosotros habrán tirado la toalla, abandonado sus horcas, azadas, mallas y palas, ¿Qué quedara para alimentarnos? ¿Multinacionales de la alimentación, que también tendrán participaciones en la sociedades farmacéuticas? ¿Estaremos alimentados por las mismas sociedades que también nos proveerán en medicamentos (al precio fuerte) y para las cuales habremos financiado nosotros mismos la investigación?

Desgraciadamente no tengo soluciones que proponer. Pero creo que una buenas reflexión colectiva está por hacer…”


Sabes, porque ya lo he escrito en varias ocasiones, que no soy un simpatizante el ecológico como ideología, especialmente porque no estoy de acuerdo con el fondo: todo lo que es natural no es bueno, y se usan en ecológico productos tóxico y contaminantes, claramente peores que sus equivalentes de síntesis.
Pero tengo el mayor respeto por los agricultores ecológicos, que tiene que producir y vivir con menos medios que los agricultores en producción integrada o en producción convencional. Tiene  los mismos problemas, pero no disponen de las mismas soluciones. Los precios de venta supuestamente compensan, pero no es siempre el caso.

Donde comparto totalmente su opinión, es en la importancia, y la urgencia, de una reflexión profunda y exhaustiva sobre el funcionamiento de la distribución de los bienes, especialmente los alimentos, en nuestras sociedades llamadas “avanzadas”.
¿Es normal y aceptable que el consumidor pague entre 5 y 10 veces el precio cobrado por el agricultor?
¿Es normal y aceptable que el productor entregue a menudo sus productos sin conocer su precio de venta?
¿Es normal y aceptable que el productor reciba a menudo una liquidación (un precio) inferior a su costo de producción?
¿Es normal y aceptable que la agricultura, base de cualquier economía, ya que es la producción de alimentos y de materias primas, sea en tan mal estado, que los países ricos la tengan que subvencionar, y que en los países pobres, los agricultores sean entre los más pobres?

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Algo funciona muy mal en nuestro planeta, y no se trata de contaminación o de salud.
Se trata en primer lugar de elecciones políticas que ponen en el último lugar los que no se expresan ya que trabajan demasiado duro y son a menudo resignados frente al poder de la Naturaleza y frente a su propia impotencia frente a la Administración, la prensa y la sociedad.
Vivimos en un mundo de fanfarrones y de mentirosos, en el que el que gana es el que grita más fuerte, en el que se glorifica y se recompensa el juego, la apariencia, y los estragos, pero en el que se penaliza el trabajo, la honestidad, le ética, el respeto, la discreción.

Gracias Marjolaine por este bonito texto, y mucho ánimo en tu difícil elección de conversión al ecológico.