UNE GRAVE CRISE PHYTOSANITAIRE : XYLELLA
FASTIDIOSA
José Miguel Mulet est professeur de
biotechnologies à l’Université de Valencia, en Espagne, et c’est aussi un grand pourfendeur
des idées reçues concernant l’agriculture et l’alimentation. Il donne de
nombreuses conférences et a écrit plusieurs ouvrages dont le plus célèbre est
« Comer sin miedo » (manger sans avoir peur).
Dans l’article suivant, il nous relate
l’histoire véridique et édifiante de la propagation de l’une des pires crises
sanitaires des plantes cultivées, probablement comparable à la crise du
phylloxera sur la vigne au XIXème siècle.
L’olivier se trouve actuellement dans une
situation de risque sans précédent pour un problème phytosanitaire d’une
extrême gravité. Il s’agit d’une bactérie dont une souche très virulente a
commencé, en 2013, à s’étendre depuis le Sud de l’Italie et progresse
rapidement vers le reste de l’Europe, provocant la mort de millions d’arbres
centenaires sur son passage.
Malgré le travail des scientifiques et un
plan européen de confinement des foyers de l’épidémie, la bactérie Xylella fastidiosa est actuellement hors de contrôle en
Italie.
Depuis 2015, la bactérie a été détectée en France,
d’abord sur l’île de Corse, puis sur le continent, en Provence.
Depuis 2016, elle a aussi été détectée en
Espagne, d’abord aux Iles Baléares, et plus récemment sur le continent, dans la
région d’Alicante.
Les foyers français et espagnols sont pour
l’instant sous contrôle, mais personne
n’est actuellement capable de prédire l’évolution de l’épidémie.
On
peut malheureusement craindre que tous les oliviers européens puissent être attaqués,
et anéantis en quelques années, si une solution n’est pas rapidement trouvée.
L’observation des infections montre que
certaines variétés sont extrêmement sensibles et que d’autres semblent être plus
tolérantes. Là réside un espoir de sauver l’espèce, et de pouvoir refaire des
plantations là où la bactérie aura tué les oliviers des variétés sensibles.
La recherche travaille d’arrache-pied pour
trouver une solution pour au moins stabiliser l’épidémie, mais il faut bien
reconnaitre qu’aujourd’hui, nous nous trouvons face à une impasse.
Et les oliviers meurent tous les jours par
milliers en Italie.
La France et l’Espagne ont choisi de
confiner les foyers grâce à des arrachages préventifs tout autour, en espérant
que ces mesures seront suffisantes.
Mais
comment a-t-on pu en arriver à ce désastre ?
C’est là que ce drame aux dimensions encore
imprécises devient un cas d’école.
Voici le texte complet, seulement épuré de
certains commentaires de JM Mulet dont je ne partage pas le ton, même si je
suis d’accord avec le fond, et qui n’apportent rien à l’histoire en elle-même.
« Il
y a quelques semaines nous arrivait la mauvaise nouvelle de la détection des
premières infections de Xylella fastidiosa dans la péninsule, concrètement à
Guadalest (Alicante). Elle était arrivée à Majorque fin 2016. Cette bactérie,
connue comme « l’Ebola de l’olivier », obstrue les canaux par
lesquels circule la sève et la plante sèche, affectée par la maladie de Pierce.
La bactérie se propage d’arbre en arbre en utilisant des insectes comme
vecteurs.
La
Xylella est endémique d’Amérique. Elle a été d’abord identifiée en Californie
où, de manière périodique, elle attaque les vignes. D’autres variétés de la
bactérie peuvent attaquer les citronniers, les pêchers, les lauriers. C’est
l’un des pathogènes végétaux les plus craints, qui est donc périodiquement surveillé,
et on contrôle son apparition dans tous les centres de Protection des Végétaux.
Le
problème fut détecté en Italie, concrètement dans les Pouilles, en 2013. Pour
nous situer sur la carte, si l’Italie a la forme d’une botte, les Pouilles en sont
le talon.
Automatiquement
les scientifiques alertent de la gravité du problème et la Commission Européenne
élabore un plan, dénomme plan Silletti,
pour contenir l’épidémie. Actuellement il n’existe aucun traitement
efficace contre la Xylella, donc la seule solution est d’éliminer tous les
arbres dans un rayon de 100 mètres autour du point d’infection pour éviter que
l’insecte [qui transmet la maladie] puisse se déplacer d’arbre en arbre.
L’Union Européenne libère un budget pour mettre en place ce plan et poursuivre
la surveillance. L’action rapide et
précoce est la meilleure solution face à une crise de ce type.
Et
c’est là qu’est le problème. Rapidement commencent à apparaitre des rumeurs.
Des groupes d’agriculteurs mettent en doute que la Xylella soit la cause de la
maladie et s’oppose à l’abattage des arbres. Certains accusent de la maladie,
un champignon qui peut être détruit sans tuer les oliviers, d’autres prétendent
que la Xylella est facilement contrôlable. Pendant ce temps les scientifiques déterminent
que la cause de la maladie est une souche de Xylella très virulente importée
par une plante ornementale en provenance du Costa Rica. En parallèle,
l’opposition au plan Silletti se développe, orchestrée, bien sûr, par des
groupements d’agriculture biologique et biodynamique (…). Ils suggèrent que la
Xylella fait partie de l’écosystème et que la solution est de ne rien faire,
pour qu’elle s’y intègre, et d’utiliser des fertilisants naturels.
Non,
je ne l’invente pas. Vous pouvez lire ici les propositions qu’ils font pour
freiner la Xylella (http://xylellareport.it/2015/08/30/who-we-are/).
Certains
appellent même à l’action violente contre ce plan (http://xylellacodiro.blogspot.com.es/2016/06/eu-court-of-justice-confirms-xylella.html).
L’opposition
commence à s’organiser et devient plus forte. Elle convainc les politiciens et
les juges. Par un surprenant et indignant retournement, les écologistes non
seulement réussissent à freiner le plan, mais en plus ils accusent les
scientifiques d’avoir propagé intentionnellement la maladie. Le procureur présente
des charges pénales contre Donato Boscia, de l’Institut de Protection Végétale
Durable de Bari. D’après eux, il s’agit d’une souche introduite pour un atelier
sur Xylella dans l’Institut lui-même. Le fait que cette souche ne soit pas
celle de la maladie et n’affecte pas les oliviers, semble ne pas avoir été
suffisant. Le juge poursuivit donc le procès et ordonna une perquisition de
l’Institut de Recherche qui avait lancé l’alerte, réquisitionnant les
ordinateurs et le matériel de recherche, et freinant donc curieusement le
travail des scientifiques les plus qualifiés pour lutter contre la maladie.
Le
résultat de l’action judiciaire, de la paralysie du plan de choc et des
techniques agroécologiques de contention des maladies, a été que l’épidémie
s’est propagée dans tout le Sud de l’Italie affectant des millions d’oliviers
et 235.000 hectares, et que la maladie se soit étendue jusqu’aux Baléares et à
Guadalest.
Espérons
que notre autorité sache prendre exemple de la catastrophe italienne et
n’essaient pas de minimiser le problème avec des techniques agroécologiques. Il
y a bien longtemps, nous avons vu comment le phylloxéra anéantissait les
vignes, et plus récemment comment le grand charançon rouge a exterminé les
palmiers. Si nous ne mettons pas en route d’urgence un plan de choc, nous
devrons nous habituer à l’huile de soja ou de tournesol, ou à l’huile d’olive
de Californie ou d’Afrique du Sud. »
C’est un cas tout à fait intéressant par le
déroulement des évènements. Il montre clairement les risques d’une
idéologisation de la politique et de la justice en démocratie.
C’est une évolution de plus en plus
fréquente dans les pays les plus industrialisés, dans lesquels des groupes de
tous poils développent des théories du complot, prennent le pouvoir par réseaux
sociaux interposés et manipulent l’opinion par ce même biais.
Il y est « tendance » de penser
que la Science s’est vendue aux multinationales qui elles, cherchent à dominer
le monde, à contrôler l’alimentation de la planète.
Et si les autorités, qu’elles soient
politique, policière ou judiciaire, ne savent pas faire la part des choses, on
peut en arriver à des désastres aux dimensions effrayantes.
C’est malheureusement le cas de cette crise
phytosanitaire, dont les conséquences seront probablement très graves, sur le
plan économique, social, et environnemental.
Et on en arrive à ce genre d’absurdité, qui
serait risible si elle n’était pas si grave.
Car si vous comptez, entre arrachages,
assainissement, achat des plants, replantations et entretien jusqu’à l’âge
adulte, c’est au moins 40.000 € (50.000 $) par hectare qu’il faut compter pour
que ces surfaces soient à nouveau productives en huile d’olive, sans compter la
dizaine d’années qu’il faudra attendre pour les arbres poussent. Faites le
compte : 235.000 hectares x 40.000 euros, nous parlons d’environ 10
milliards d’euros (12 milliards de dollars)…pour l’instant !!!
Et tout ça, en ne prenant en compte que les
dégâts agricoles, et en supposant qu’il soit possible de replanter de l’olivier
rapidement après l’infestation par cette bactérie, chose qui est loin d’être
sûre.
A ça, il faut ajouter les structures
oléicoles ruinées, les industries d’emballage, les entreprises de logistique,
les milliers de poste de travail perdus, et j’en oublie sûrement. Ce deuxième
total est probablement proche du précédent.
Qui rendra des comptes pour ces dégâts
terribles ?
Qui est responsable de ce désastre devant
la loi et devant la société civile ?
Et les coupables de la perte de contrôle de
cette épidémie, qu’ils soient agriculteurs inconscients, militants écologistes,
ou agriculteurs inconscients, politiciens ou juges, seront-ils punis pour ce
crime ?
Image: http://www.lavoroediritti.com/wp-content/uploads/2015/10/sentenze-cassazione-e1445437346611.jpg
Pour en savoir plus:
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerNice post!Thanks for sharing your information.
RépondreSupprimerhiv positive treatment in india
Nice to read your article!
RépondreSupprimerOoty taxi
Coimbatore airport taxi
Smm panel
RépondreSupprimerSMM PANEL
İSİLANLARİBLOG.COM
İnstagram takipçi satın al
Hırdavatçı
beyazesyateknikservisi.com.tr
servis
Tiktok Jeton Hilesi İndir
Good content. You write beautiful things.
RépondreSupprimervbet
mrbahis
sportsbet
vbet
korsan taksi
taksi
mrbahis
hacklink
hacklink
manisa
RépondreSupprimermaraş
mardin
marmaris
mersin
CFK7
https://bayanlarsitesi.com/
RépondreSupprimerOrdu
Kocaeli
Düzce
Osmaniye
HFTAP
Antalya
RépondreSupprimerAntep
Burdur
Sakarya
istanbul
2LM
2555F
RépondreSupprimerIsparta Evden Eve Nakliyat
Mersin Parça Eşya Taşıma
Giresun Lojistik
Uşak Lojistik
Yalova Parça Eşya Taşıma
759A3
RépondreSupprimerÇerkezköy Yol Yardım
Sakarya Şehirler Arası Nakliyat
Bayburt Şehir İçi Nakliyat
Çanakkale Şehirler Arası Nakliyat
Bursa Şehir İçi Nakliyat
Malatya Evden Eve Nakliyat
Tokat Parça Eşya Taşıma
Ünye Asma Tavan
Btcturk Güvenilir mi
CCE93
RépondreSupprimerÇerkezköy Yol Yardım
Ardahan Parça Eşya Taşıma
Samsun Lojistik
Bingöl Lojistik
Bursa Şehir İçi Nakliyat
Mersin Lojistik
Bolu Şehirler Arası Nakliyat
Yozgat Evden Eve Nakliyat
Sivas Şehir İçi Nakliyat
421C1
RépondreSupprimerŞırnak Şehir İçi Nakliyat
Silivri Çatı Ustası
Amasya Evden Eve Nakliyat
Kütahya Parça Eşya Taşıma
Elazığ Lojistik
Sakarya Evden Eve Nakliyat
Ağrı Şehirler Arası Nakliyat
Etimesgut Parke Ustası
Yalova Parça Eşya Taşıma
4FADD
RépondreSupprimerdianabol methandienone
testosterone propionat for sale
deca durabolin
steroid cycles for sale
Balıkesir Evden Eve Nakliyat
buy deca durabolin
Hatay Evden Eve Nakliyat
Bursa Evden Eve Nakliyat
Aksaray Evden Eve Nakliyat
9753C
RépondreSupprimer%20 binance referans kodu
FAF0E
RépondreSupprimerReferans Kimliği Nedir
Meta Coin Hangi Borsada
Kripto Para Üretme
Ergo Coin Hangi Borsada
Mexc Borsası Güvenilir mi
Binance Referans Kodu
Pitbull Coin Hangi Borsada
Coin Nasıl Kazılır
NWC Coin Hangi Borsada