dimanche 19 juillet 2015

49- L'esprit des plantes -1- Mimétisme

L’ESPRIT DES PLANTES – MIMÉTISME

Les orchidées sont des plantes considérées parmi les plus évoluées. Certaines d'entre elles, par exemple celles du genre Ophrys, fréquentes dans la péninsule ibérique, ont su évoluer pour attirer leurs insectes pollinisateurs, souvent spécifiques, afin de se donner de meilleures chances de pollinisation. Elles ont été capables de modifier leurs fleurs pour les faire ressembler aux femelles, de manière à attirer le mâle qui se chargera, à son insu, du travail de pollinisation.

Le stratagème est très élaboré:

La fleur libère des arômes qui copient à la perfection les phéromones de l'insecte, celles qui permettent au mâle de localiser la femelle à grande distance.
Quand le mâle est suffisamment proche, il doit pouvoir reconnaitre visuellement la femelle. La fleur s'est donc déguisée en femelle, c'est à dire qu'elle revêt des couleurs et des motifs que le mâle reconnaitra au premier coup d'œil.
Désormais, le mâle doit se poser sur la fleur. Et afin de s'assurer qu'il le fasse, et que rien ne le fasse douter, la fleur s'est dotée d'une pilosité très caractéristique de la femelle.
Le piège est en place, et fonctionne à merveille. Le mâle se fait berner jusqu'au dernier moment. Il va donc présenter ses hommages à Madame, pensant accomplir son devoir de survie de sa propre espèce. En réalité, il réalise un travail essentiel à la survie de l'orchidée.

C'est un superbe exemple d'adaptation d'une espèce à son environnement. De fait, les orchidées sont parmi les plantes ayant mis en place les stratagèmes les plus sophistiqués. C'est fantastique et merveilleux. De nombreux scientifiques et botanistes s'intéressent aux orchidées précisément pour la grande sophistication de leurs processus de reproduction et de pollinisation. Darwin écrivit d'ailleurs un ouvrage entier consacré aux orchidées "De la fécondation des orchidées par les insectes".

En voici quelques exemples, parmi les nombreux qui existent :
Ophrys lutea
Ophrys scolopax
Ophrys fusca
Ophrys sphegodes
Ophrys insectifera
Ophrys apifera

Mais essayons d'y regarder d'un peu plus près, d'un point de vue d'observateur non scientifique. Essayons de réfléchir sur la genèse d'un tel processus.
Vous imaginez la complexité des mécanismes que la plante a dû mettre en service pour réussir cet exploit?
Car ce n’est pas du tout une démarche simple. Mettez-vous à la place d'une plante immobile, sans vision, sans capacité d'analyse, et essayez de vous adapter à une situation aussi complexe.

Décortiquons les étapes qu'elle a dû franchir.
D'abord, elle a dû déterminer, "prendre conscience" de son problème de pollinisation et de sa complexité.
Puis elle a dû élaborer, "imaginer" un plan, une solution de survie, puisque sans pollinisation il n'y a pas de descendance possible, et donc il y a risque d’extinction de l’espèce.
Il a fallu qu'elle repère, puis observe son seul et unique insecte pollinisateur, sa vie, ses habitudes.
Elle a dû déterminer les phéromones que la femelle produit pour que le mâle puisse la localiser.
Elle a dû observer suffisamment la femelle pour être capable de savoir, dans les détails, à quoi elle ressemble physiquement.
Enfin, pour que le stratagème fonctionne, elle a dû réaliser un processus d'auto transformation de manière à imiter l’insecte à la perfection.

C’est volontairement que je prête à la plante une volonté, une pensée, une réflexion dont elle ne dispose probablement pas, ou en tout cas pas sous la forme que nous, humains, sommes actuellement capables de le comprendre.
C'est qu’il faut bien reconnaitre que c'est un processus d'une grande complexité, qui met en service des sens comme l'odorat, la vue, le toucher, en plus d'une capacité d'observation, de réflexion et d'imitation incroyables, qu'on n'attribue normalement qu'aux animaux.

Qui a dit que les plantes ne pensent pas?
Existe-il une forme d'intelligence végétale?

Il est évident que les plantes n’ont pas de cerveau, donc pas de capacités cognitives et sensorielles du même type que les animaux. Pourtant, il est certain que des mécanismes complexes obéissant à la nécessité impérieuse de résoudre des problèmes graves sont mis en place par les plantes. De nombreux scientifiques et leurs équipes travaillent pour comprendre les mécanismes de communication et d’adaptation des plantes face aux situations dans lesquelles leur environnement les place.

Je ne prétends pas répondre à des questions proches de la métaphysique, mais je vous ferai part de certaines découvertes, de certains travaux scientifiques extrêmement surprenants, et tout à fait passionnants.

Il n'est pas à exclure que cela puisse modifier profondément votre vision du monde végétal. Il est même possible que vous ne puissiez plus, après cela, regarder les plantes de la même manière.

Je vous aurai prévenus…

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