mardi 1 septembre 2015

52- L'esprit des plantes -2- Autodéfense



AUTODÉFENSE

Un couple de scientifiques de l'Université de Missouri, Jack Schultz et sa femme Heide Appel, a étudié pendant plus de trente ans quelque chose que tout propriétaire de jardin engazonné connait bien, l'odeur de l'herbe fraichement coupée. 

Idée saugrenue, me direz-vous?  Pas si sûr, car les plantes produisent toutes une odeur lorsqu'on les coupe, les taille, ou les agresse. Il était finalement assez logique que quelqu'un essaie de comprendre pourquoi. Les découvertes qu'ont fait ces scientifiques sont tout à fait surprenantes. Voyez l'article de Cody Newill paru dans Kcur.com (en anglais) http://kcur.org/post/fresh-cut-grass-smell-mu-researchers-say-its-your-grass-crying

«L'odeur de l'herbe fraichement coupée, c'est l'herbe qui appelle à l'aide». En effet, Jack Schultz nous explique que «un des types de produits chimiques que produit la plante lorsqu'elle est attaquée par des insectes sont appelés volatiles ou odeurs, qui se déplacent dans l'air».

Il s'agit d'un signal dont le but est avant tout d'attirer les prédateurs, comme les oiseaux ou d'autres insectes prédateurs, en leur disant "venez manger, il y a des chenilles pour vous ici".
Dans le même temps, la plante agressée synthétise des toxines et des répulsifs (nicotine, caféine et huile de moutarde) afin de réduire l'intensité des attaques.
La plante ne sait pas déterminer qui ou quoi est l'agresseur. En principe, une agression de ce type va être due à des chenilles ou autres insectes. Elle appelle donc à l'aide quand vous passez la tondeuse, pensant que vous êtes une sorte de grosse chenille (bruyante).
L'équipe de Jack Schultz a aussi essayé de soumettre la plante à des vibrations similaires à celles produites par les chenilles en train de s'alimenter (au début de l’article, même si vous ne lisez pas l’anglais, voir pouvez écouter le son de la chenille en train de manger). La plante produit alors jusqu'à 35 fois plus de molécules toxiques. Autrement dit, une plante avertie en vaut 35.
Je ne sais pas vous dire si la plante fait la différence entre la vibration d'une chenille qui la mange, et celle d'une vache qui la broute. Je suppose que la plante ne réagira pas de la même manière face à un ruminant. Si je trouve des travaux sur ce sujet, je vous le ferai savoir.
Mais cela va plus loin, car ce signal sert aussi à avertir ses congénères du danger imminent, afin qu’elles mettent en route leurs systèmes d’autodéfense. Une sorte d’avant-garde qui se sacrifie pour le bien de la population entière. Un bel exemple de solidarité végétale (ou d’instinct de survie de l’espèce).


Dans un autre article, également en anglais, écrit par Jessie Rack et paru sur npr.org, http://www.npr.org/sections/thesalt/2015/06/29/418518152/why-you-should-thank-a-caterpillar-for-your-mustard-and-wasabi?utm_source=facebook.com&utm_medium=social&utm_campaign=npr&utm_term=nprnews&utm_content=20150629 on apprend que ce qui fait la saveur particulière du wasabi ou de la moutarde provient d’une évolution progressive des plantes dans leur lutte permanente contre leurs agresseurs. Les travaux de Chris Pires et de son équipe, encore une fois de l’Université de Missouri, sur la «course évolutive à l’armement», montrent que la plante a développé des systèmes de défense, que les insectes ont appris à contourner. La plante, en réaction, a renforcé ses défenses, et ainsi de suite, jusqu’à aujourd’hui, où la sélection variétale réalisée pour les besoins nutritionnels et agricoles, a trié dans les caractères présents pour choisir ceux qui intéressent le plus les humains. Mais les composés chimiques naturels qui sont des arômes particuliers dans certains cas (moutarde), irritants (poivre, piment) ou toxiques (cigüe, datura) sont avant tout des substances de défense contre les agresseurs.
 Un champ de wasabi au Japon


Enfin, pour clôturer ce chapitre passionnant et gigantesque, un autre article, également en anglais, écrit par Nathanael Johnson et paru le 25 août sur grist.org http://grist.org/food/theres-a-new-sustainable-ag-technique-in-town-and-its-cleaning-up/ , s’intéresse à une intéressante conséquence des travaux de recherche antérieurs.
Il y a 22 ans, un entomologiste, Zeyaur Khan, au Kenya, a inventé une méthode de culture, qu’il a dénommée push-pull, destinée à permettre aux paysans locaux de produire du maïs sans subir les conséquences désastreuse des attaques de chenilles de pyrale d’une part, et de la concurrence d’une herbe locale envahissante, la striga, ou herbe des sorcières, d’autre part. Les paysans locaux, non instruits et pauvres, ne pouvaient avoir recours aux pesticides. La technique, mise au point après de nombreuses observations de la flore et de la faune locales, combine le maïs comme culture principale, avec de l’herbe à éléphant (pennisetum purpureum) et du desmodium. L’herbe à éléphant a la particularité d’être beaucoup plus attractive pour la pyrale que le maïs, tout en étant capable de tuer la chenille. Le desmodium a la particularité d’être répulsif pour les insectes, et d’être toxique pour les semences de certaines herbes, dont la fameuse striga.
La technique, dont les effets sont controversés, car son efficacité n’est pas constante, et difficile à transposer à d’autres cultures et à d’autres régions, a eu le mérite d’améliorer considérablement les revenus de ces agriculteurs. C’est aussi une piste de travail et de réflexion pour une évolution possible des méthodes de culture dans l’avenir. 
 Un champ de maïs dévasté par la striga (photo FAO)


Il existe de nombreux travaux à travers le monde qui démontrent que, finalement, nous ne savons pas grand-chose sur les plantes.
Petit à petit nous découvrons un monde végétal impressionnant, qui surprend par son organisation et ses capacités insoupçonnées jusqu’à présent. Une voie d’avenir probable sera d’apprendre à stimuler la plante de manière à ce que ses capacités d’autodéfense s’expriment mieux, et permettent à l’agriculteur une certaine interaction avec ses cultures.
On pourrait peut-être arriver à réduire les besoins en traitements et en engrais en donnant un plus grand protagonisme aux plantes. D’une certaine manière, la plante produirait et l’agriculteur se convertirait en berger des plantes.
Mais attention, cette perspective est très belle, et sans doute utopique, car il reste beaucoup à apprendre.
Un petit entrefilet, paru le 24 août sur la page web Freshplaza.es, http://www.freshplaza.es/article/91132/Un-alem%C3%A1n-muere-tras-comer-un-calabac%C3%ADn-casero nous raconte (en espagnol) la triste anecdote suivante (traduction littérale) :
« Un allemand de 79 ans est décédé après avoir consommé une courgette de production maison qui a probablement développé elle-même une substance toxique. Ça ne se produit pas habituellement avec les courgettes, mais dans certains cas rares, ça peut arriver. L’homme et son épouse furent très malades durant deux semaines après consommé la courgette, et finalement furent transportés à l’hôpital. La femme put être sauvée mais l’état de santé de l’homme poursuivit sa détérioration, et finalement il mourut.
Le coupable de l’empoisonnement es une substance appelée cucurbitacine, que était présente de manière naturelle dans les courgettes et concombres pour éviter que les animaux ne les mangent. Au cours des derniers siècles, les producteurs ont réussi à éliminer la substance grâce aux programmes de sélection, mais si on cultive ses propres légumes, la substance peut réapparaitre. Il est donc recommandé de tester un morceau de courgette crue si elle provient de culture maison. Si elle a un goût amer plus fort que d’habitude, cela peut indiquer la présence de la cucurbitacine. La même chose est applicable aux citrouilles.»

Que faut-il tirer de cette histoire ?
Quel rapport y a-t-il entre le début de l’article et cette triste anecdote finale ?
Simplement que si la plante doit se défendre, elle produit, en quantités inhabituelles, des toxines tout ce qu’il y a de plus naturelles, destinées à éloigner ou à tuer ses agresseurs. Or ces toxines sont présentes dans la plante durant un certain temps, et en quantité inconnue.
En supposant que dans l’avenir, nous soyons en mesure d’interagir avec la culture pour lui demander de se défendre afin de nous éviter les besoins de pesticides, il sera indispensable d’être aussi capables de connaitre toutes les toxines émises, et d’en mesurer la quantité avant la consommation de l’aliment.

Et nous en revenons, par ces chemins détournés, à un point dont je vous ai déjà parlé et qui continue de me préoccuper grandement :
L’agriculture biologique, sous toutes ses variantes, refuse l’utilisation des pesticides de synthèse. Mais elle utilise, à part la biodynamie, une importante batterie de pesticides biologiques, qui sont des toxines naturelles dangereuses pour la santé. Elle utilise aussi plusieurs stimulateurs d’autodéfense, qui sont précisément ce dont je vous parle aujourd’hui. Or actuellement, la législation n’oblige pas à déclarer l’intégralité des composants des pesticides biologiques, ni à connaitre les toxines que développent les plantes lorsqu’elles se mettent en situation d’autodéfense, et encore moins à en contrôler les résidus sur les aliments mis à la consommation. Autrement dit, les consommateurs de produits bio achètent en toute quiétude et avec l’appui des autorités responsables, des produits potentiellement plus dangereux que les produits conventionnels, pourtant fréquemment taxés de porteurs de poison.
Un autre point mérite d’être soulevé : les fameuses semences autoproduites par l’agriculteur ou le jardinier, ou achetées chez le semencier. C’est un élément important du débat actuel. Cette anecdote donne un argument tout à fait intéressant en faveur des semences certifiées. Car, même si le cas est heureusement exceptionnel, on se trouve dans la situation de semences autosélectionnées, qui ont dégénéré avec le temps, retournant « à l’état sauvage » en produisant en quantités importantes, des toxines d’autodéfense. Ce phénomène ne se serait pas produit avec une semence certifiée. Nous sommes en présence de l’exemple même de ce que peut apporter une semence achetée en terme de sécurité des aliments.
C’est une belle illustration de l’adage « tout ce qui brille n’est pas or », qu’on peut traduire dans ce cas-là par « les produits les plus dangereux ne sont pas forcément ceux que l’on croit ».

Et pour conclure, je vous dirai la même chose que pour un animal que vous souhaitez adopter. Attention, ces plantes de votre jardin ou de votre potager sont des plantes sauvages domestiquées. A n’importe quel moment, ses instincts sauvages peuvent refaire surface. En particulier, ne laissez jamais votre potager se faire envahir d’insectes ou de maladies. Ça vous semble sans importance, car vous êtes prêt à manger des fruits et légumes moches, puisque ça vient du jardin? Oui, mais les plantes, elles, vont chercher à se défendre, car c’est dans leur nature sauvage. Il est possible qu’elles se mettent à produire des toxines dont vous ne soupçonnez même pas l’existence, et que les aliments que vous allez cueillir en toute confiance et avec orgueil, soient en réalité dangereux.
Vous voulez faire votre potager ? Pas de problème, mais attention, prenez-en bien soin, il en va de votre santé.

Si votre niveau de compréhension de l’anglais est suffisant, je vous conseille vivement d’écouter, au début du premier article cité, l’interview radiophonique de Heide Appel et Jack Schultz. Très clair et instructif.

52- The spirit of plants -2- Self defense



SELF DEFENSE

A couple of scientists at the University of Missouri, Jack Schultz and his wife Heide Appel, studied for over thirty years something that every grassed garden owner knows well, the smell of fresh-cut grass.
A crazy idea, you think? Not so sure, because all plants produce an odor when cut, pruned or aggressed. It was finally quite logical that someone try to understand why. The discoveries that these scientists have done are quite surprising. See the article published by Cody Newill in Kcur.com (in English) http://kcur.org/post/fresh-cut-grass-smell-mu-researchers-say-its-your-grass-crying

"The smell of fresh-cut grass is the grass crying for help." Indeed, Jack Schultz explains that "one of the kinds of chemicals that plants produce when they are bieng attacked by insects are called volatiles or odors that travel through the air."


This is a signal whose purpose is primarily to attract predators such as birds or other predatory insects, telling them "come here to eat, there are caterpillars for you here."
At the same time, the assaulted plant synthesizes toxins and repellents (nicotine, caffeine and mustard oil) to reduce the intensity of attacks.
The plant does not know how to determine who or what is the aggressor. In principle, such an attack will be due to caterpillars or other insects. It therefore calls for help when you cross the lawn mower, thinking that you are a kind of big (and noisy) caterpillar.
Jack Schultz's team also tried to subject the plant to vibrations, similar to those produced by the caterpillars in the process of feeding (at the beginning of the article, you can listen the sound of the caterpillar eating). The plant then produces up to 35 times more toxic molecules. In other words, forewarned is forearmed.
I don't know if the plant makes the difference between the vibration of a caterpillar eating it, and the vibration of a cow grazing it. I suppose that the plant will not react the same way facing a ruminant. If I find studies on the subject, I'll let you know.
But it goes further because this signal is also used to warn its congeners of the imminent danger, so they set off their self-defense systems. A kind of vanguard who sacrifices itself for the good of the entire population. A beautiful example of vegetal solidarity (or of instinct of survival of the species).


In another article, also in English, written by Jessie Rack and published on npr.org, http://www.npr.org/sections/thesalt/2015/06/29/418518152/why-you-should-thank-a-caterpillar-for-your-mustard-and-wasabi?utm_source=facebook.com&utm_medium=social&utm_campaign=npr&utm_term=nprnews&utm_content=20150629  we learn that what makes the flavor of wasabi or mustard comes from a progressive evolution of plants in their ongoing struggle against their aggressors. The work of Chris Pires and his team, again at the University of Missouri, on the "evolutionary arms race", shows that the plant has developed defense systems that insects have learned to circumvent. The plant, in response, has strengthened its defenses, and so on, until today, when varietal selection made for nutritional and agricultural needs, has sorted in the range of present characters present, to choose those of interest for humans . But the natural chemical compounds that are of particular flavors in some cases (mustard), irritants (pepper, chili) or toxic (hemlock, datura) are primarily defense substances against the aggressors.


A wasabi field in Japan

Finally, to close this exciting and gigantic chapter, another article, also in English, written by Nathanael Johnson and published on August 25 on grist.org http://grist.org/food/theres-a-new-sustainable-ag -Technique-in-town-and-its-cleaning-up / , is speaking about an interesting consequence of previous researches.
22 years ago, an entomologist, Zeyaur Khan, in Kenya, invented a method of cultivation, he called push-pull, intended to enable local farmers to produce corn without suffering, one hand, the disastrous consequences of the attacks of borer caterpillars, and competition from invasive local grass, Striga, or witchweed, on the other hand. Local farmers, uneducated and poor, could not have recourse to pesticides. The technique, developed after many observations of flora and fauna, combine corn as main crop, with elephant grass (Pennisetum purpureum) and desmodium. Elephant grass has the particularity of being much more attractive to corn borer while being able to kill the caterpillar. Desmodium has the particularity of being an insect repellent and is toxic to the seeds of certain herbs, including striga.
The technique, the effects of which are controversial because its efficacy is not constant and difficult to translate to other crops and other regions had the merit of considerably improving the income of these farmers. It is also a line of work and reflection for possible changes in farming methods in the future.
 A field of corn, devasted by striga (foto FAO)

There are many studies worldwide that show that, ultimately, we don't know much about plants.
Gradually we discover an impressive world of plants, which surprises with its organization and untill now its unsuspected capacities. A likely route of future will learn how to boost the plant so that its self-defense capabilities are better expressed, and enable the farmer some interaction with its cultures.
Maybe we could get to reduce the need for pesticides and fertilizer giving greater protagonism to plants. In a way, the plant would produce and the farmer would become a plant shepherd.
But beware, this perspective is very beautiful, and probably unrealistic, as there is much to learn.

A small news item, published on August 24 in the Freshplaza.es web page, http://www.freshplaza.es/article/91132/Un-alem%C3%A1n-muere-tras-comer-un-calabac%C3%ADn-casero   tells us (in Spanish) the following sad story (literal translation):
"A German of 79 years died after consuming a zucchini of home production that has probably developed itself a toxic substance. It does not usually occur with zucchini, but in some rare cases, it can happen. The man and his wife were very ill for two weeks after they consumed zucchini, and eventually were transported to the hospital. The woman could be saved but the man's condition continued its deterioration, and finally he died.
The culprit of the poisoning is a substance called cucurbitacin that was naturally present in zucchini and cucumbers to avoid that animals eat them. Over the centuries, producers have managed to eliminate the substance through breeding programs, but if one grows his own vegetables, the substance may reappear. It is therefore recommended to test a piece of raw zucchini if it comes from home production. If it tastes bitter louder than usual, this may indicate the presence of cucurbitacin. The same is applicable to pumpkins."

What should we learn from this story?
What connection is there between the beginning of the article and this sad final anecdote?
Simply that if the plant has to defend itself, it produces, in unusual amounts, very natural toxins, designed to remove or kill the attackers. These toxins are present in the plant for some time, and in a unknown quantity.
Assuming that in the future, we will be able to interact with the crop and ask him to defend itself to avoid pesticide needs, it will be essential to be also able to know all the toxins emitted, and  to measure the quantity of each one before consumption of the food.
And we go back through these byways, to a point which I have already mentioned and which continues to concern me greatly:

Organic farming in all its variants refuses the use of synthetic pesticides. But it uses, except biodynamics, a large battery of biological pesticides, which are natural toxins dangerous to health. It also uses several self-defense stimulators, which are precisely what I'm talking about today. But now, the legislation does not oblige to declare all the components of biological pesticides, or to know the toxins that develop when plants begin in self-defense, let alone to control their residues on foods released for consumption. In other words, organic products, that consumers buy peacefully and with the support of authorities, are potentially more hazardous than conventional products, though often accused of poison carriers.
Another point worth raising: the famous self-produced seeds by the farmer or gardener, or purchased from the seed grower. This is an important element of the current debate. This anecdote gives a very interesting argument in favor of certified seed. Because even if the case is fortunately exceptional, we are in the situation of self-selected seeds, which escalated over time, turning "in the wild" by producing in large quantities, self-defense toxins. This phenomenon would not have occurred with a certified seed. We are in the presence of the very good example of what can make a controlled seed in food safety terms.

It is an excellent illustration of the saying "all that glitters is not gold," which may be translated in this case as "the most dangerous products are not necessarily those one believes".
To conclude, I would say the same thing for an animal you want to adopt. Take care, these plants in your garden or your vegetable garden are domesticated wild plants. At any time, its wild instincts may surface. In particular, never let your garden being invaded by insects or diseases. It seems unimportant to you because you are ready to eat ugly fruits and vegetables, since it comes from your own garden? Yes, but plants will look to defend themselves because it is in their wild nature. It is possible that they begin to produce toxins that you don't even suspect the existence, and that the food you are going to pick with confidence and pride, are in fact dangerous.
You want to make your garden? No problem, but be careful, take good care of it, so is your health.

I urge you to listen, at the beginning of the first article mentioned, the radio interview of Heide Appel and Jack Schultz. It's very clear and informative.






52- El espíritu de las plantas -2- Autodefensa



AUTODEFENSA

Una pareja de científicos de la Universidad de Missouri, Jack Schultz y su mujer Heide Appel,  ha estado estudiando durante más de treinta años, algo que cualquier propietario de jardín con césped conoce muy bien, el olor a hierba recién cortada.
¿Pensarás que es una idea extraña? No es tan seguro, ya que todas las plantas producen un olor cuando se las corta, se las poda o se las agrede. Era finalmente bastante lógico que alguien intente entender el porqué. Los descubrimientos que han hecho esos científicos resultan bastante sorprendentes. Puedes leer el artículo de Cody Newill, publicado en Kcur.com (en inglés) http://kcur.org/post/fresh-cut-grass-smell-mu-researchers-say-its-your-grass-crying

“El olor de la hierba recién cortada, es la hierba que pide ayuda”. Efectivamente, Jack Schultz nos explica que “uno de los tipos de productos químicos que produce la planta cuando esta atacada por insectos se llaman volátiles u olores, que se desplazan por el aire”.

Se trata de una señal cuyo propósito es primero de atraer a predadores, como pájaros u otros insectos depredadores, diciéndoles “venid aquí a comer, hay orugas para vosotros”.
Al mismo tiempo, la planta agredida sintetiza toxinas y repelentes (nicotina, cafeína y aceite de mostaza), con el fin de reducir la intensidad de los ataques.
La planta no sabe determinar que o quien es el agresor. En principio, una agresión de este tipo es debida a orugas u otros insectos. Pues pide ayuda cuando le pasa la cortadora de césped pensando que eres un tipo de oruga grande (y ruidosa).
El equipo de Jack Schultz también probo someter la planta a vibraciones similares a las que producen las orugas alimentándose (al principio del artículo, aunque no entiendas inglés, puedes escuchar el ruido que hace la oruga comiendo). La planta produce entonces hasta 35 veces más cantidad de las moléculas tóxicas.
Lo que no se decir, es si la planta sabe hacer la distinción entre la vibración de una oruga comiéndola, et la de una vaca paciéndola. Me imagino que la planta no reacciona de la misma manera frente a un rumiante. Si encuentro algo al respecto, te lo diré.
Pero esto va bastante más lejos, ya que esta señal también sirve para informar a sus congéneres de la inminencia del peligro, para que pongan en marcha sus sistemas de autodefensa. Un tipo de vanguardia que se sacrifica por el bien del pueblo entero. Un bonito ejemplo de solidaridad vegetal (o de instinto de supervivencia de la especie).


En otro artículo, también en inglés, escrito por Jessie Rack y publicado en npr.org, http://www.npr.org/sections/thesalt/2015/06/29/418518152/why-you-should-thank-a-caterpillar-for-your-mustard-and-wasabi?utm_source=facebook.com&utm_medium=social&utm_campaign=npr&utm_term=nprnews&utm_content=20150629 aprendemos que lo que hace el sabor especifico del wasabi o de la mostaza proviene de una evolución progresiva de las plantas en su lucha permanente contra sus agresores. Los trabajos de Chris Pires y su equipo, una vez más de la Universidad de Missouri, sobre la “carrera evolutiva al armamento”, demuestran que la planta ha desarrollado sistemas de defensa, que los insectos han aprendido a esquivar. La planta, a modo de reacción, ha reforzado sus defensas, y así sucesivamente, hasta hoy, cuando la selección varietal realizada para cubrir las necesidades nutricionales y agrícolas, ha seleccionado entre los caracteres presentes para elegir los que interesan más a los humanos. Pero los compuestos químicos naturales que son los aromas específicos en algunos casos (mostaza), irritantes (pimienta, guindilla) o tóxicos (cicuta, datura) son sobre todo sustancias de defensa contra los agresores.
Un campo de wasabi en Japón



Para cerrar este capítulo apasionante y enorme, otro artículo, también en inglés, escrito por Nathanael Johnson y publicado el 25 de agosto en grist.org, http://grist.org/food/theres-a-new-sustainable-ag-technique-in-town-and-its-cleaning-up/  se interesa a una interesante consecuencia de los trabajos de investigación anteriores.
Hace 22 años, un entomólogo, Zeyaur Khan invento un método de cultivo, que llamo push-pull, destinada a permitir a los agricultores locales de producir maíz sin soportar las consecuencias desastrosas de las orugas del taladro del maíz por una parte, y de la competencia de una hierba local invasora, la striga por otra parte. Los agricultores locales, no instruidos y pobres, no podían recurrir a los plaguicidas. La técnica, puesta a punto después de largas observaciones de la flora y de la fauna locales, combina el maíz como cultivo principal, con la hierba de elefante (pennisetum purpureum) y del desmodium. La hierba de elefante tiene la particularidad de ser mucho más atrayente para el taladro que el maíz, y de ser luego capaz de matar a la oruga. El desmodium tiene la particularidad de ser repelente para los insectos, y de ser tóxico para las semillas de determinadas hierbas, entre las que se encuentra la famosa striga.
La técnica, cuyos resultados son controvertidos, ya que su eficacia no es constante, y es difícil de adaptar a otros cultivos y a otras áreas, ha tenido el gran mérito de mejorar notablemente los ingresos de los agricultores. También es una pista de trabajo y de reflexión para una evolución posible de los métodos de cultivo en el futuro.
 Un campo de maíz devastado por la striga (foto FAO)

Existen numerosos estudios en el mundo que demuestran que, al fin y al cabo, no sabemos mucho de plantas.
Poco a poco estamos descubriendo un mundo vegetal impresionante, que sorprende por su organización y sus capacidades insospechadas hasta ahora. Una vía probable de futuro será de aprender a estimular a la planta de tal manera que sus capacidades de autodefensa se expresen mejor, y le otorguen al agricultor cierta interacción con sus cultivos.
Quizás se podría conseguir reducir las necesidades de tratamientos y de fertilizantes dándoles un mayor protagonismo a las plantas. En cierto modo, la planta produciría, y el agricultor se convertiría en pastor de plantas.
Pero cuidado, esta perspectiva es muy bonita y probablemente utópica, ya que nos queda muchísimo que aprender.
Un corto artículo publicado el 24 de agosto en la página web Freshplaza.es, http://www.freshplaza.es/article/91132/Un-alem%C3%A1n-muere-tras-comer-un-calabac%C3%ADn-casero  nos cuenta (en español) la triste anécdota siguiente:
“Un alemán de 79 años de edad ha fallecido tras consumir un calabacín de producción casera que probablemente desarrolló por sí mismo una sustancia venenosa. Esto no suele pasar en los calabacines, pero en algunos casos raros puede suceder. El hombre y su esposa estuvieron muy enfermos durante dos semanas después de consumir el calabacín y finalmente ingresaron en el hospital. La mujer se recuperó pero la salud del hombre siguió deteriorándose hasta acabar falleciendo.
El culpable del envenenamiento es una sustancia denominada cucurbitacina, que solía aparecer de forma natural en calabacines y pepinos como defensa natural para evitar que los animales los comieran. Durante los últimos siglos los productores han conseguido eliminar la sustancia a través de los programas de obtención, pero si la gente cultiva sus propias verduras, la sustancia puede reaparecer. Por tanto, es recomendable probar una porción del calabacín crudo si es de cultivo casero. Si la verdura sabe mucho más amarga de lo habitual, esto puede indicar la presencia de la cucurbitacina. Esto mismo se aplica también a las calabazas”.

¿Qué debemos sacar de esta historia?
¿Qué relación existe entre el principio de este artículo y esta triste anécdota final?
Simplemente que si la planta debe defenderse, produce, en cantidades inusuales, toxinas totalmente naturales para ahuyentar o matar a sus agresores. Y es que esas toxinas se mantienen presentes en la planta durante cierto tiempo, y en cantidad desconocida.

Suponiendo que en el futuro, seamos en condiciones de interactuar con el cultivo para pedirle de auto-defenderse con el fin de reducir las necesidades de plaguicidas, será imprescindible que también seamos capaces de conocer todas las toxinas producidas, y de medir su cantidad antes del consumo del alimento.
Y volvemos, por caminos indirectos, a un punto del que ya te he hablado anteriormente, pero que sigue preocupándome mucho:
La agricultura ecológica, con todas sus variantes, rechaza el uso de plaguicidas de síntesis. Pero usa, excepto la biodinámica, un importante abanico de plaguicidas ecológicos, que son toxinas naturales peligrosas para la salud. También acude a varios estimuladores de autodefensa, que es precisamente mi tema de hoy. Sin embargo al día de hoy, la legislación no obliga a declarar la integralidad de los compuestos de los plaguicidas ecológicos, ni a conocer las toxinas que desarrollan las plantas cuando se ponen en situación de autodefensa, y aún menos a controlar los residuos potencialmente presentes de estas sustancias naturales en los alimentos puestos a disposición del consumidor. O sea que el consumidor de alimentos ecológicos comprar con toda la tranquilidad del mundo y con el apoyo de las autoridades responsables, productos potencialmente más peligrosos que los alimentos convencionales, sin embargo tildados de portadores de veneno.
Otro punto se merece una reflexión: las famosas semillas autoproducidas por el propio agricultor o por el hortelano, o compradas en la tienda de semillas. Es un elemento importante del debate actual. Esta anécdota aporta un argumento muy interesante a favor de las semillas certificadas. Es que, aunque el caso sea felizmente excepcional, nos encontramos ante una situación de semillas autoseleccionadas, que han degenerado con el tiempo, regresando a un “estado silvestre”, produciendo cantidades importantes de toxinas de autodefensa. Este fenómeno no habría ocurrido de tratarse de semillas certificadas. Estamos en presencia de un ejemplo típico de lo que puede aportar una semilla comprada, en términos de seguridad de los alimentos.

Es una excelente ilustración del dicho “no todo lo que brilla es oro”, que en este caso se puede traducir por “los productos los más peligrosos no siempre son los que creemos”.

Y a modo de conclusión, te diré lo mismo que para un animal que desees adoptar. Cuidado, estas plantas de tu jardín o de tu huerta son plantas salvajes domesticadas. En cualquier momento, sus instintos salvajes pueden reaparecer. Especialmente, no dejes que tu huerta sea invadida de insectos o enfermedades. ¿Te parece poco importante, y te da igual comer frutas y hortalizas feas si vienen de tu jardín? Vale, pero las plantas intentan defenderse, ya que forma parte de su naturaleza salvaje. Es posible que empiecen a producir toxinas cuya existencia ni siquiera sospechas, y que los alimentos que vas a coger con total confianza y con orgullo, en realidad sean peligrosos.

¿De verdad quieres tener tu propia huerta? Ningún problema, pero cuídala muy bien, es una cuestión de salud.

Si tu nivel de comprensión del inglés es suficiente, te aconsejo muchísimo escuchar la entrevista radiofónica de Heide Appel y Jack Schultz, disponible al principio del primer artículo citado. Es muy claro e instructivo.