AGROÉCOLOGIE – LA QUALITÉ DE L’AIR
J’ai eu récemment l’occasion de discuter
avec une personne qui fait partie, comme on dit, « des milieux bien
informés », sur un sujet qui, semble-t-il, pourrait devenir brûlant assez
rapidement.
Le gouvernement français, dans le cadre de
son projet politique de promotion et de développement de l'agroécologie
(voir https://culturagriculture.blogspot.com.es/2016/07/74-agroecologie-1-le-concept.html), a lancé une intéressante et vaste étude sur la qualité de l'air dans les
zones rurales, afin de mesurer l'impact invisible des pratiques agricoles sur
l’air que nous respirons.
http://france3-regions.francetvinfo.fr/poitou-charentes/sites/regions_france3/files/styles/top_big/public/assets/images/2013/06/25/capteur-air-atmo-picardie-25062013.jpg?itok=lLtysJC8
Pour ce faire, des capteurs spécifiques ont
été placés dans des villages (en bordure de zones agricoles, au cœur des
villages, dans les cours d'écoles, etc.).
Afin que l'étude soit complète, des
capteurs ont également été placés dans des grandes villes, afin d'avoir les
références nécessaires de zones éloignées de l'influence agricole.
Ces nombreux capteurs mesurent 24h/24h la
qualité de l'air, et les mesures sont mises en relation avec les pratiques
agricoles de chaque région, afin de pouvoir en tirer les conclusions
pertinentes.
Dans le même temps, les fabricants de
machines agricoles, travaillent sur les évolutions possibles du matériel
spécialisé afin de réduire au maximum l'impact sur la qualité de l'air, en
particulier des applications de pesticides. Ils étudient les types de buses,
les turbines de ventilation, les systèmes de récupération des excédents de
bouillies pesticides, etc.
http://www.matevi-france.com/uploads/pics/pulverisateur-panneaux-recuperateurs-pneumatique-Pulve-S21_01.jpg
Dans le même temps aussi, les chercheurs en
agronomie de nombreuses spécialités étudient les modes de culture susceptibles
de s'adapter à des matériels différents. Par exemple les haies fruitières
permettent d'utiliser des matériels que les vergers libres ne permettent pas.
Ils étudient la possibilité d'implanter des
hautes haies de protection autour des zones agricoles pour avoir un effet de
"récupérateur" de dérives de pesticides (en même temps qu’elles
servent de refuges pour la faune utile, aidant ainsi à la réduction de l’emploi
des pesticides, ainsi que de protection contre les effets négatifs du vent).
http://www.omafra.gov.on.ca/neworchard/images/apples/16windbreakf1-zoom.jpg
Ils étudient aussi, en coordination avec
les organismes spécialisés en agriculture biologique, les moyens alternatifs
pour protéger les cultures (ozonisation, ondes électriques basses, filets
anti-insectes, par exemple).
http://mapassionduverger.fr/wp-content/uploads/2014/09/238-Alt-mouches-pour-cerisiers-Pour-lutter-contre-la-mouche-de-la-cerise.jpg
Dans le même temps encore, les fabricants
de pesticides travaillent sur des molécules, des adjuvants et des formulations
qui ne produisent pas de vapeurs, afin de réduire le risque que les pesticides
puissent se retrouver involontairement dans l’air que nous respirons, et afin
que la quantité maximale de la molécule puisse atteindre sa cible, avec le moins
possible de dégâts collatéraux.
Et dans le temps, enfin, les semenciers et
créateurs de nouvelles variétés travaillent à créer, par les voies naturelles
ou avec l’aide des biotechnologies, des variétés plus rustiques, moins
sensibles aux maladies et aux ravageurs, afin de réduire la nécessité d’avoir
recours aux pesticides. Ils se heurtent malheureusement souvent à
l’incompréhension du public qui ne se rend pas compte que les bénéfices
sanitaires et environnementaux que ces nouvelles variétés peuvent apporter sont
largement plus importants que d’hypothétiques inconvénients que jusqu’à présent
personne n’a pu scientifiquement démontrer.
Bref, tous les organismes publics ou privés
spécialisés impliqués dans ce grand mouvement de développement de
l'agroécologie travaillent d'arrache-pied pour résoudre les contaminations de
l'air provoquées par l'agriculture.
Il semble que de nombreuses conclusions de
cet important travail de recherche pluridisciplinaire, pourraient presque déjà
être publiées.
Pourtant, les résultats des études de
qualité de l'air ne sont toujours pas disponibles pour le public.
C'est qu'il en ressort quelques conclusions
quelque peu gênantes, politiquement pas très correctes et qui, pour que la
cohérence du mouvement soit complète, pourraient déboucher sur des législations
et des obligations que personne ne souhaite vraiment.
Par exemple?
Et bien que certains capteurs détectent des
organochlorés, ou différents types de produits interdits depuis très longtemps
en agriculture. Les agriculteurs auraient-ils constitué des stocks énormes qui
leur permettent de tenir (illégalement) pendant 40 ans après les interdictions?
L'hypothèse est facile à vérifier. Elle est d’ailleurs complètement idiote. Mais
pourquoi pas, non? Mais elle ne tient plus quand des capteurs de centre-ville,
très éloignés des champs, même dans des grandes agglomérations, le confirment.
http://images.midilibre.fr/images/2014/06/24/la-cour-de-l-ecole-maternelle-de-salindres-a-connu-une-belle_956951_667x333.jpg?v=1
Alors il faut bien envisager autre chose. Un
vrai travail d'enquête est donc lancé pour comprendre le phénomène. En fait ce
travail, dont les conséquences pourraient être incommensurables, est en train
de démontrer que la pollution agricole, réelle, mais probablement très
largement surestimée, et surtout très largement surmédiatisée grâce à
l’influence et le lobbying des mouvements bio, n'est qu'une petite partie du problème
de la qualité de l’air.
Un des déclencheurs de cette étude a été le
fameux cas d’intoxication des enfants d’une école de village dans le bordelais,
à la suite de traitements phytosanitaires dans les vignes environnantes. Or la
médiatisation de cette affaire a été, dès le début, extrêmement malhonnête,
accusant l’agriculture conventionnelle et les pesticides de synthèse, quand en
réalité, deux agriculteurs du voisinage étaient impliqués, un en agriculture conventionnelle,
et l’autre en agriculture biologique, alors que les deux traitaient leurs
vignes avec du soufre, produit naturel autorisé en agriculture biologique et
conventionnelle.
http://static.ladepeche.fr/content/media/image/zoom/2014/05/16/201405162692-full.jpg
En fait, de nombreux processus industriels
utilisent des pesticides, en particulier ceux qui utilisent des matières
premières d’origine animale ou végétale. Par exemple le traitement des
charpentes. Le cas dont je vous parle concerne des installations scolaires dont
les charpentes, en bois traité (ce qu'on appelle en autoclave, un bois injecté
sous haute pression, avec différents pesticides et sels métalliques pour
empêcher les champignons et les insectes de l'attaquer), dont la provenance est
extra-européenne, lâchent dans l'air, 24h/24h des résidus de pesticides
interdits en Europe depuis très longtemps.
Or ces processus industriels appliqués à
des produits d’origine agricole mais d’usage différent, ne sont pas
suffisamment contrôlés, ni en origine, ni lors de leur importation. On ne fait
pas d’analyse de résidus sur des bois d’œuvre, sur des tissus ou sur des peaux.
Pourtant, ces matériaux emplissent nos
maisons, nos bureaux et les lieux publics.
On contrôle les aliments, c'est bien
normal. Ce que nous ingérons doit être sûr, nous sommes tous d’accord
là-dessus.
Mais cette étude, clairement ciblée sur les
pratiques agricoles, pourrait révéler de nombreux problèmes insoupçonnés
jusqu’alors et qui pourraient déranger bien des gens.
Il a déjà fallu, il y a peu de temps, et ça
a coûté une fortune aux états, désamianter tous les bâtiments. Imaginez s’il
faut maintenant démonter une par une toutes les charpentes ou mettre au rebut
des millions de meubles ou d’accessoires divers et variés.
http://www.zero-amiante.fr/images/entreprise-desamiantage.jpg
Qui va payer ces factures ?
Mais la santé publique a un coût très
élevé, tant sur le plan économique, que politique.
Quand verrons-nous la publication de ces
résultats, dans leur intégralité ? Et qui se risquera à assumer la
responsabilité de la situation et des mesures à prendre ?
Les politiciens qui ont lancé cette étude,
avec l’évidente idée derrière la tête d’arriver à court ou moyen terme, à l’interdiction
de nombreux pesticides, pourraient se retrouver devant un problème bien plus
sérieux, difficile et couteux à résoudre. Une sorte de retour du bâton, d’un
dogmatisme irraisonné.
C’est là que l’on voit que l’agroécologie
est profondément une bonne idée. Je le crois vraiment, intégrer l’agriculture
dans son environnement et dans la société est une vraie bonne idée. Arriver à
faire cohabiter en bonne entente l’agriculture moderne et la société actuelle
est une nécessité, et ce mouvement d’agroécologie porte en lui le potentiel
pour y arriver.
Pourtant, en France au moins, le
gouvernement lui-même démontre qu’il ne cherche pas à intégrer l’agriculture
dans la société, mais cherche à obliger l’agriculture à se transformer en
agriculture biologique. Il n’y a aucune base scientifique pour appuyer une
telle idée. Il y a beaucoup plus d’idéologie que de bon sens dans ce projet.
Vous en doutez ? Voyez la quantité
impressionnante d’émissions de télévision contre l’agriculture (ce qu’on
appelle l’agri-bashing) diffusées ces dernières années sur des chaines du
service public français, donc avec l’aval du gouvernement en place. Toutes ces
émissions fonctionnent sur le même modèle : on prend un sujet relativement
anodin, on le présente sous son angle le plus négatif, on truque les images ou
la manière de filmer, on le garnit de quelques témoignages invérifiables mais
inquiétants, et on y ajoute quelques commentaires garnis de sous-entendus… sans
oublier l’importance de la musique de film d’horreur. L’ombre d’un doute.
Vous pouvez relire « L’affaire
Alar » https://culturagriculture.blogspot.com.es/2015/02/38-laffaire-alar.html.
Surtout quand on sait qu’il est si facile
de manipuler les esprits. Car la réalité des sujets de toutes ces émissions est
toute autre. L’alimentation actuelle est saine et sûre. Elle n’a même jamais
été aussi saine et aussi sûre dans toute l’histoire de l’humanité.
http://imgc.allpostersimages.com/images/P-473-488-90/67/6718/ETLA100Z/posters/shadow-of-a-doubt-joseph-cotten-teresa-wright-1943.jpg
Mais laisser planer le doute permet de
conduire le peuple à prendre lui-même la décision de changer de cap, même pour
se précipiter vers une grossière erreur.
« Un mensonge répété dix
fois reste un mensonge ; répété mille fois, il devient une vérité ».
(Adolf Hitler).
Mais vu tout ce que ces travaux vont
découvrir, est-il raisonnable de continuer à appeler ce mouvement agroécologie ?
Car si l’agriculture n’est pas aussi
malsaine qu’on le pense, et si l’ensemble de la société a vraiment et urgemment
besoin d’une profonde remise en question sur ses effets sur l’environnement, ne
devrait-on pas plutôt lancer un vaste mouvement de « socioécologie »,
qui bien sûr inclurait un volet d’agroécologie?
On peut aussi lire avec intérêt : « Un scandale dont personne ne parle... les peintures de façades »
RépondreSupprimerhttp://seppi.over-blog.com/2016/11/un-scandale-dont-personne-ne-parle.les-peintures-de-facades-willi-l-agriculteur-qui-ne-veut-pas-que-sa-maison-ait-longtemps-un-aspec
Je n'ai fait que traduire.