dimanche 11 juin 2017

106- Le prix à la consommation

LE PRIX A LA CONSOMMATION

Sous le titre (traduit) « Les bas prix de ce début de la campagne de fruits à noyaux ne sont pas répercutés au consommateur », la web agricole espagnole Agrodigital informe sur l’énorme disparité entre les prix payés à l’agriculteur et les prix payés par les consommateurs (http://www.agrodigital.com/PlArtStd.asp?CodArt=114482).
Précisons que ce qu’on appelle les fruits à noyaux sont les fruits charnus du genre prunus, c’est-à-dire l’abricot, la pêche, la nectarine, la prune et la cerise.

Image: http://es.globedia.com/imagenes/noticias/2011/11/25/exportaciones-frutas-hortalizas-caen-septiembre-bajos-precios_1_984948.jpg

La situation de l’année 2017 est un cas qui malheureusement se répète avec une certaine fréquence. Le marché, pour problèmes climatiques en destination, s’est mis en marche avec difficulté et lenteur. C’est un problème dont je vous ai déjà parlé l’année dernier, qui recommence cette année à nouveau (voir http://culturagriculture.blogspot.com.es/2016/05/77-intemperies-8-en-destination.html).
Les conditions climatiques n’étaient pas favorables à la consommation dans les zones de destination, mais par contre elles l’étaient dans les zones de production. Le fruit murit, il faut le cueillir, mais il est expédié plus lentement qu’il n’est produit. L’offre se déséquilibre par rapport à la demande, et les prix s’effondrent.
C’est une situation relativement habituelle dans la production d’aliments, qu’on essaie de réguler par la conservation. Mais certaines productions, dont la vie commerciale est très courte (pêche, fraise, laitue, courgette, etc.) ne supportent pas ces conditions, et se conservent peu de temps.
Un peu plus tard, les conditions climatiques en destination se sont améliorées, la consommation a redémarré, mais les prix ne se sont pas relevés.

Les prix en origine se maintiennent à un niveau si bas qu’ils ne couvrent même pas les frais basiques de la culture. Ils se situent à peu près à la moitié de ce qu’ils étaient l’année dernière aux mêmes dates.
Beaucoup de producteurs de fruits à noyaux abandonnent les fruits sur les arbres sans les récolter, d’autres vont jusqu’à arracher des vergers avec les fruits dessus.


Pourtant, les prix à la consommation sont similaires à ceux de l’année dernière.

Autrement dit, les agriculteurs sont en train de souffrir durement, au cours d’une campagne qui restera comme une des pires des 50 dernières années, mais les marchés profitent de la situation pour gagner beaucoup d’argent, au risque de couler un secteur aussi important que la production de fruits et légumes.

La différence entre le prix payé à l’agriculteur et le prix payé par le consommateur durant ce mois de mai est approximativement le suivant :
7 fois pour les fruits à noyaux
7 fois pour la courgette
9 fois pour la tomate
9,5 fois pour le poivron.

Une différence normale devrait se situer entre 3 et 5 fois, variable selon les produits, pour couvrir les frais élevés de sélection, emballage, conservation, vente, transport, distribution y point de vente.


Actuellement, une vente de pêche ou de nectarine à 3€50 au consommateur laisse à peine 0€50 à l’agriculteur, ce qui est insuffisant pour assurer la pérennité du verger, tout en étant un prix élevé pour le consommateur.

Quelque chose va mal dans notre système de distribution des biens de consommation.
Il est totalement anormal que les deux maillons essentiels de la chaine, c’est-à-dire le producteur à une extrémité, et le consommateur à l’autre, soient victimes du système de distribution.

Image: http://www.depannage-informatique-caen.fr/autre-site/site-leclavier/images/vente-paniers-bio.jpg

La vente directe du producteur au consommateur n’est qu’une petite partie de la solution car elle ne pourra jamais concerner qu’une toute petite partie des producteurs, et une toute petite partie des consommateurs, surtout dans les pays aux économies les plus riches.

Il est nécessaire et urgent d’imaginer un quelconque type de régulation des marchés capable d’éviter ces abus, susceptibles de provoquer de graves dommages à un secteur pourtant essentiel et stratégique, comme celui de la production d’aliments.

Et dire que les mêmes acteurs du marché vantent les efforts qu’ils font pour réduire le gaspillage alimentaire…
Ne serait-ce pas plutôt une simple opération marketing pour essayer de toucher le cœur de la victime, le consommateur ?

Image: https://www.2luxury2.com/wp-content/uploads/Inglorious-Fruits-and-Vegetables-The-Designs-of-the-Year-2015-nominees-@-Design-Museum-London.jpg?x96773

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