samedi 2 septembre 2017

114- Agriculture du monde - Le Pays Dogon

AGRICULTURE DU MONDE – LE PAYS DOGON
  


Quelque part en Afrique de l'Ouest, au Mali, entre le fleuve Niger et la frontière du Burkina Faso, il existe une région au climat sahélien, où la vie est difficile. Pourtant, on y trouve un peuple à la culture, à l'art et à l'artisanat si riches, que de nombreux collectionneurs occidentaux le connaissent, souvent sans jamais y avoir mis les pieds.

Image: http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw?ID_FICHIER=1302900519082&ID_FICHE=1317055908671 

C’est aussi une des régions du monde où cohabitent en parfaite harmonie, des personnes de religions différentes. L’islam y est la religion la plus représentée, mais il y a aussi beaucoup de chrétiens et d’animistes. Ce mélange religieux est présent dans les villes, dans les villages, et même parfois à l’intérieur de la même famille.
Il s'agit du Pays Dogon.

Dans cette région, la vie est rude. L'accès à l'eau est une des clés de la subsistance.
La vie sociale s'y organise autour des hommes, bergers, chasseurs, cueilleurs, gardiens de la palabre et de la tradition, et des femmes, agricultrices, mères de famille, maitresses de maison, responsables de l'eau et de l'éducation des enfants, et parfois vendeuses de leurs maigres excédents de production ou des produits de leur propre artisanat.


L'agriculture y est faite de toutes petites parcelles fractionnée et séparées par des petits chemins de terre. Le travail est réalisé par les femmes, à la main, aidées par les enfants lorsqu'ils sont assez grands.
L'irrigation, si elle est nécessaire, requiert de grands efforts car il faut d'abord aller chercher l'eau, avant de s'en servir pour irriguer. Elle n'est possible que lorsque les points d'eau sont suffisamment proches.
C'est une agriculture rudimentaire, de subsistance, dont seule une toute petite partie peut être vendue pour générer des revenus. La majeure partie va directement à l'alimentation de la famille.
Une association locale, montée en 2005 par des Dogons préoccupés par l'avenir de leur peuple, s'occupe de monter des projets destinés à améliorer leurs conditions de vie, à travers l'amélioration des conditions de vie et de travail des femmes Dogon. Elles sont le pillier de ce peuple si attachant.


ARAF-Plateau Dogon (Action pour le Renforcement des Activités Féminines en Pays Dogon) fédère 80 groupements de 25 à 40 femmes chacun, afin de leur apporter un appui qui va depuis l'éducation, la formation, l'appui technique, la fourniture d'outils de base pour le travail des champs, et le montage de projets locaux (un des projets en cours est la création d’un atelier de transformation d'huile de karité en beurre pour sa vente pour les usages en cosmétique).
Parmi les actions permanentes, il y a la formation aux techniques de l'agroécologie. En particulier, un des objectifs est de favoriser la modernisation de l'agriculture, donc l’amélioration des revenus des familles Dogon, grâce à la vente de leurs excédents de production. Mais le manque de formation, le manque d'équipements et le manque de moyens font partie des raisons de l’orientation vers sur l'agriculture biologique.


Il est indispensable de moderniser l'agriculture à travers des méthodes et techniques qui permettent d'améliorer la capacité productive, sans pour autant créer une dépendance à des intrants ou à des outils et machines, sources d'investissements qui aujourd'hui, ne sont ni possibles, ni prioritaires.
L’agriculture Dogon doit rester autonome car les investissements nécessaires, nombreux, doivent être réservés à des ouvrages d’infrastructure de première nécessité.
La volonté d'ARAF est d'améliorer la capacité productive de l'agriculture du pays Dogon, mais avec un investissement minimum, dans la mesure où le premier investissement indispensable est la création d'un réseau d'accès à l'eau qui permette aux villages et à leurs habitants d'améliorer leur autonomie, de gagner en hygiène, et surtout de ne plus consacrer la moitié de leur temps (femmes et enfants surtout) au transport manuel de l'eau.


Et ça, l'accès à l'eau, c'est un projet probablement à long terme, mais tellement important!
Le climat sahélien inclue une période pluvieuse, concrètement durant les mois de juin à septembre, durant lesquels il pleut en abondance, ce qui permet de reconstituer les réserves du sol, et permet certaines cultures adaptées à ce climat.
On peut imaginer la création d'un réseau de canaux pour conduire l'eau du fleuve Niger vers ces zones retirées. Mais ce seraient des travaux pharaoniques, longs et extrêmement coûteux.
Pourtant, la création de réservoirs et de forages, opérations beaucoup plus accessibles, et demandant des budgets plus légers, permettrait une agriculture davantage permanente, une grande amélioration de la sécurité alimentaire, et des revenus permettant un développement nettement plus important. Au passage, cela permettrait aussi un accès à des sujets aussi évidents pour les occidentaux que les services de santé ou d'hygiène, et par là même une claire amélioration des conditions de vie du peuple Dogon.


Il y a quelques mois, à travers les réseaux sociaux, j'ai été sollicité par le président d'ARAF, Issiaka Konaté, pour participer à un labeur humanitaire, à travers une aide à la mise en place de techniques d'agroécologie. Je n'ai pas "vocation" à ça, et de fait, je ne l'ai jamais fait. Ma vie est organisée autour de mon travail, très prenant, comme le savent bien tous les agriculteurs, ma famille à qui je dois un minimum de présence et de soutien, et mes activités annexes, comme c'est le cas de ce blog.

Nous avons beaucoup échangé avec Issiaka. C'est lui qui m'a raconté la vie du peuple Dogon et les difficultés de cette vie, les nombreux projets qui se heurtent toujours à un problème récurrent de financement.

Le tourisme représentait une importante source de revenus. Mais depuis 2012 et les attaques du terrorisme djihadiste, cette source a disparu, bloquant ou retardant de nombreux projets.


Je me suis rapidement rendu compte que la situation politique et économique du Mali, ainsi que les attaques djihadistes dans la région compliquent beaucoup les actions occidentales et les interventions des ONG.
Ne pouvant pas intervenir directement, j'ai tout de même décidé d'apporter mon petit grain de sable à ce fragile édifice.

J'ai donc proposé à Issiaka un texte, illustré de nombreuses photos, pour expliquer la situation, et pour demander aux lecteurs une aide économique.
Le directeur d'une ONG française, Gérard Cinquin, de DNPLS (Du Nord Pour Le Sud) qui agit en Afrique, nous a aidés par son expérience, ses conseils avisés et par le travail de mise en page, ainsi, et surtout, que par la mise à disposition de sa plateforme de collecte de dons.


Par la suite, à travers mon réseau de contacts et d'amis, j'ai pu démarrer le travail d'un projet de collaboration avec une ONG espagnole, Madre Coraje, qui consacre une grosse partie de son activité à récupérer des vêtements et objets usagés, afin de les envoyer, en Espagne et à travers le monde, à des communautés en situation fragile qui peuvent, soit les utiliser pour leurs besoins propres, soit en faire une source de revenus par la revente.
Et c'est justement par-là que nous avons lancé ce projet: importer au Mali des vêtements usagés, afin que le tri et la vente génèrent, d'une part des postes de travail donc des revenus pour un certain nombre de familles, et surtout des revenus pour financer des projets éducatifs et de développement. Voilà, ça parait simple quand on a réussi à nouer les contacts.
À partir de cette idée, tout est compliqué. Le projet avance, mais il a fallu mettre en place beaucoup de choses, et réaliser des investissements qui mettent pour l'instant en déséquilibre le budget d'ARAF.
Il a fallu créer une société ayant la possibilité d'importer, de faire du commerce, et de générer des bénéfices, afin de les reverser intégralement à l'association ARAF (association à but non lucratif).


Il a fallu trouver des transporteurs, et résoudre le problème du transit depuis le Sénégal (le Mali n'a pas d'accès à la mer et il faut donc passer par le port de Dakar).
Il faut préparer les centres de tri et mettre en place un réseau chargé d'assumer la revente des vêtements, ainsi que la logistique nécessaire à leur répartition.
Une grande partie de ces coûts a déjà été assumée par l'association, par ses membres et par quelques bienfaiteurs.
Le projet ouvre sur un large éventail de possibilités, mais pour l'instant, il exige de trouver le complément financier qui permettra à ARAF de s'autofinancer, et de financer ses projets.
Ce complément est très raisonnable, vu d'Europe, puisqu'il est de moins de 7.000 € (6.852 € pour être exact, ou 8.200 US$)), mais vu du Mali, il est difficile à trouver, que ce soit sous forme de prêt ou sous forme de don.
Le système bancaire malien ne permet pas à ce genre de projet de prospérer.


Comme vous le voyez, l’agriculture du Pays Dogon a besoin de nombreux investissements, de faibles coût pour la plupart, car les projets sont réalisés par les gens eux-mêmes. Or du développement de cette agriculture, dépend le développement de ce peuple.
Mais ce développement, pour qu’il soit durable, doit être capable d’être autonome, donc de s’autofinancer. C’est le but essentiel du projet avec Madre Coraje.
A partir de là, tout sera entre les mains des Dogons eux-mêmes, et c’est ça qui est le plus important.

Le but de ce blog n'est pas là, mais une fois n'est pas coutume, j'ai besoin de vous pour pouvoir concrétiser ce projet. Si vous souhaitez participer, vous pouvez donner par la plateforme en ligne de DNPLS, en indiquant ARAF DOGON.

Votre participation peut aussi se limiter à diffuser largement cet article. Plus il y aura de gens sensibilisés, plus il y aura de possibilités de résoudre ce petit, mais sérieux problème.

Dites-vous bien qu'un like c'est bien, mais ça ne diffuse pas. Un partage c'est beaucoup mieux.


Merci pour le Pays Dogon.

Photos fournies par Issiaka Konaté


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