dimanche 18 mars 2018

125- OGM, et si on réécrivait l'histoire?

OGM, ET SI ON REÉCRIVAIT L’HISTOIRE ?

J’ai eu très récemment un intéressant échange sur Facebook concernant le problème du dicamba. Le dicamba, c’est la nouvelle croisade des ONG environnementalistes.


Il s’agit d’un herbicide sélectif des graminées (c’est-à-dire qu’il n’est pas toxique pour les graminées), donc qui ne détruit que les dicotylédones.
Une polémique a été lancée depuis quelques mois sur ce produit. Les titres de la majorité des articles sont alarmistes, comme par exemple celui-ci « États-Unis : les effets dévastateurs du dicamba, le dernier pesticide de Monsanto » http://www.france24.com/fr/20171103-etats-unis-glyphosate-dicamba-monsanto-devastateur-pesticide-agriculture?ref=fb
Ou encore celui-là « Le nouvel herbicide de Monsanto, le dicamba, visé par des milliers de plaintes aux Etats-Unis » https://www.usinenouvelle.com/article/le-nouvel-herbicide-de-monsanto-le-dicamba-vise-par-des-milliers-de-plaintes-aux-etats-unis.N608778

Encore Monsanto, quelle diablerie !!!!!!!!!!!

Pourtant le dicamba est, d’une part loin d’être un nouvel herbicide (enregistré comme herbicide en 1983, après avoir été enregistré pour la première fois en 1967 http://pmep.cce.cornell.edu/profiles/herb-growthreg/dalapon-ethephon/dicamba/herb-prof-dicamba.html), et d’autre part pas du tout une exclusivité de Monsanto (Syngenta, BASF, Nufarm, ou Dupont par exemple le fabriquent et/ou le vendent aussi).
Mais il se trouve que Monsanto a eu l’idée (discutable, je vous ai déjà donné mon avis là-dessus http://culturagriculture.blogspot.com.es/2015/09/53-ogm-et-pourquoi-pas.html), de créer des variétés de coton et de soja OGM résistants à cet herbicide.


Après une longue bataille contre le glyphosate en Europe, qui se solde par un demi-échec, et se retrouve reportée à 5 ans plus tard, pour un prochain éventuel renouvellement, les mouvements anti-pesticides et surtout anti OGM, ont trouvé dans le dicamba un nouveau cheval de bataille.
Comme par hasard, le renouvellement de l’autorisation de cet herbicide arrive au 31 décembre 2018. Une échéance parfaite pour des militants déjà chauffés au glyphosate, échaudés par une décision mal acceptée, et prêts à repartir en rangs serrés pour une nouvelle croisade.

Nous voyons donc apparaître une quantité incalculable de problèmes collatéraux dus au dicamba, comme si l’utilisation de cet herbicide (dont la volatilité est connue depuis toujours) au cours des 30 dernières années n’avait jamais provoqué aucun problème. Tout d’un coup ces problèmes, jusque-là inconnus du public, deviennent insoutenables.

Alors, que faut-il penser de tout ça ? Y a-t-il une réalité derrière ?
Probablement, mais aussi probablement très inférieure à sa gravité réelle, et surtout à sa gravité relative, en comparaison avec ce qui existait auparavant, ou en comparaison avec la gravité d’autres problèmes existant.
Reprenant un vieux dicton du XIIIème siècle, Molière, en 1672, faisait dire à la servante Martine, dans « Les Femmes Savantes » : qui veut noyer son chien l’accuse de la rage.

C’est très clairement la situation actuelle des incessantes attaques contre Monsanto et d’une manière générale, contre tout ce qui peut avoir une relation directe ou indirecte avec les OGM.


Bref, ça me conduit à une réflexion sur cette croisade contre les OGM.

Existe-t-il un consensus scientifique au sujet des OGM ? Difficile à dire. Les études qu’on doit mettre en causes émanent de travaux réalisés ou financés par le puissant lobby pro-OGM, ou au contraire par le puissant lobby anti OGM. On peut sans hésiter écarter tous ces travaux dont l’honnêteté doit être mise en doute. Une étude qui inclurait ces travaux ne peut pas conclure à un consensus.

Par contre un travail de comparaison n’incluant que des travaux non discutables, conclurait très probablement à un large consensus favorable.
ou

Mais là n’est pas réellement le fond de ma réflexion.
J’en suis venu à me demander, après toutes ces réflexions préalables, ce qui se serait passé si le développement des OGM avait été différent :
À partir d’une technique inventée en 1973, le premier développement commercial à grande échelle de la technologie OGM se fait par l’entreprise américaine Monsanto, pour des semences de cultures résistantes à l’herbicide glyphosate, lui-même étant, à cet époque, une exclusivité de Monsanto.
Sur l’aspect du développement de l’entreprise, c’est non seulement très cohérent, mais même très astucieux.
Sauf que c’était sans compter avec, d’une part l’incurie de certains agriculteurs qui se sont mis à abuser du glyphosate, avec des conséquences sur l’environnement, la qualité des sols, la qualité des eaux, et la santé des riverains, et d’autre part la préoccupation grandissante des associations de consommateurs, qui s’est progressivement transformée en croisade anti pesticides.


J’ai déjà dit à quel point je considère éthiquement très discutable ce choix stratégique de Monsanto, même s’il est clair pour qui connait un peu l’agriculture, que l’emploi des herbicides a une justification sur bien des aspects. http://culturagriculture.blogspot.com.es/2015/08/50-protection-des-plantes-3-des.html
Mais permettre, sans garde-fou, à n’importe quel agriculteur pas forcément scrupuleux, d’appliquer un herbicide directement sur la culture, et même sur la partie comestible de ladite culture est pour le moins risqué.
Il a manqué, au démarrage de la technologie OGM, une commission d’éthique, telle qu’elle existe pour la médecine, afin d’en limiter les risques d’abus.

Car enfin soyons clairs.
Imaginons que les premiers OGM commerciaux aient été par exemple :
-       Des cultures enrichies avec des nutriments, comme c’est le cas du riz doré, susceptible d’éviter la cécité de 2 millions d’enfants par an dont au moins 250.000 d’entre eux mourront à cause de la gravité de leur carence en vitamine A,
-       Ou des cultures résistantes à la sécheresse, comme c’est par exemple le cas de certaines variétés de sorgho adaptées au climat sahélien, ou de riz qui n’a pas besoin de la phase d’inondation, permettant sa culture dans les régions beaucoup plus vastes,
-       Ou encore de cultures résistantes aux attaques d’insectes, permettant à la fois de réduire l’utilisation des pesticides, tout en augmentant la production moyenne par réduction des dégâts, avec pour conséquence une réduction des risques de famine dans les régions pauvres.


Croyez-vous vraiment que cette opposition systématique se serait développée ?
Ne croyez-vous pas que ce rejet de Monsanto ne s’apparente plutôt à un rejet du capitalisme déshumanisé, plutôt qu’un réel rejet d’un problème dont probablement plus de la moitié des militants ignore les fondements réels ?
Ne croyez-vous pas que si les OGM avaient dès le départ été développés dans un esprit humaniste, le débat n’aurait probablement jamais existé ?

Je suis convaincu que les organisations qui actuellement sont les plus virulentes, en particulier Greenpeace, ont trouvé dans les OGM, un excellent moyen pour attirer des affiliés, provoquer des dons, générer des revenus, gagner du pouvoir.

Mais en attendant, les millions d’enfants continuent de mourir alors que la solution existe, mais qu’elle est bloquée par Greenpeace.
Regardez cette pétition, lancée sur Avaaz il y a 2 ans et demi. Elle a à peine dépassé 1000 signatures dans ce temps. Il s’agit pourtant de sauver des milliers d’enfants.
Alors cette autre pétition, dirigée contre Monsanto, et lancée un an plus tard, dépasse les 2 millions de signatures.

Dans quel monde vivons-nous ?


Le lavage de cerveaux a si bien fonctionné qu’il est préférable de laisser mourir ces enfants (ils sont loin, pauvres, on ne les voit pas et on ne les entend pas, c’est vrai), plutôt que de remettre en cause un mensonge.
On ne conteste pas les opinions de Greenpeace. Elles sont forcément justes.
C’est Greenpeace, voyons !

S’il y a une chose dont je considère qu’on peut accuser Monsanto, c’est d’avoir tué la technologie OGM, para laquelle elle prétendait devenir riche et puissante, par pur intérêt économique.
C’est l’exemple même du capitalisme sauvage, déshumanisé.

Et au même titre que je considère qu’on devrait accuser Greenpeace de crime contre l’humanité pour empêcher l’autorisation du riz doré, on devrait aussi accuser Monsanto de crime contre l’humanité pour avoir tué la technologie OGM, et tous les bienfaits qu’elle aurait pu apporter à l’humanité.

Car si Monsanto n’avait cherché à s’enrichir sur la technologie OGM, et que Greenpeace ne l’avait pas pris en grippe, nous aurions des cultures OGM un peu partout dans le monde, qui nous permettraient une production avec beaucoup moins de pesticides, et beaucoup moins de perte d’aliments, la plupart des zones arides seraient redevenues des zones agricoles permettant à leur propres populations d’y vivre en évitant la famine, et les problèmes de malnutrition seraient en phase de disparition.
Bref, nous aurions une agriculture beaucoup plus durable, plus respectueuse de l’environnement, les populations les plus fragiles auraient accès à une nourriture issue de leur propre production, et l’agriculture biologique aurait beaucoup plus progressé car elle aurait enfin trouvé les moyens techniques pour le faire (les OGM seraient très probablement autorisés en agriculture biologique, puisqu’ils permettraient de produire plus, mieux, et sans impact négatif sur l’environnement ni sur le consommateur).

Un autre monde.
Mais ce n’est pas le nôtre.

Image : http://lapressegalactique.com/wp-content/uploads/2015/10/sirenpsyche_1410204117_21-compressor.jpg

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    J'avais envie de débattre mais en voyant vos positions je n'ai pas envie de me fatiguer, vous parler de carences alimentaires que provoquent Greenpeace ? Sérieusement c'est Greenpeace qui provoque des carences alimentaires, "agriculture food and environnement" ouais c'est ça, je verrais mieux comme titre "agriculture money and die", mais bon...

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