GREENPEACE ROULERAIT-IL POUR LES SUPERMARCHÉS ?
C’est une question qui a de quoi surprendre, non ?
Pourtant, il vient de se produire une chose qui m’a
fait interrompre la rédaction de mon prochain article, pour y réagir à chaud.
Cette chose aura comme conséquence principale d’enrichir
les supermarchés. Un effet pervers? Sans doute, j’ai du mal à imaginer que Greenpeace
l’ait fait intentionnellement, mais c’est pourtant bien ce qui va probablement se
produire dans les deux ou trois ans à venir.
Si vous ne me croyez pas, voyez donc la nouvelle
idée lancée par Greenpeace France: faire un concours du supermarché qui s’approche
le plus du zéro résidu.
C’est très beau dans le principe. C’est
politiquement correct et ça va plaire aux consommateurs.
Mais que croyez-vous qu’il arrivera ?
Les supermarchés, pour pouvoir gagner cette course qui
peut leur rapporter beaucoup, vont imposer à leurs fournisseurs, les
agriculteurs, des normes encore plus exigeantes, toujours plus difficiles à
respecter, et toujours plus chères. A côté de cela, les risques de pourriture
dans les magasins ou chez les particuliers vont considérablement augmenter. Les
fongicides contre les pourritures en conservation sont en effet la principale cause
de présence de résidus de pesticides dans les fruits et légumes.
Ce sera une raison de plus pour baisser les prix à l’agriculteur,
car les produits pourris, en quantité plus importante qu’avant, seront déduits
des paiements. L’agriculteur, au final, devra travailler plus, prendre
davantage de risques, et sera moins payé.
Mais ce sera aussi une bonne raison pour augmenter
les prix au consommateur. C’est normal, il est plus difficile d’obtenir des
fruits et légumes sans résidus. Il faudra bien que quelqu’un paye la
différence, non ?
Au final, le consommateur trouvera des fruits et
légumes sans résidus, sans doute, mais plus chers, plus périssables, et tout ça
au détriment des agriculteurs et au bénéfice des supermarchés.
Vous trouvez que j‘exagère?
Demandez donc à d’autres agriculteurs, qui
travaillent aussi avec les supermarchés, s’il existe une relation, même faible,
entre le prix affiché en rayon et le prix touché par l’agriculteur.
Demandez-leur aussi comment réagit une chaine de
supermarché, ou sa centrale d’achats, lorsqu’un lot pourrit, ou qu’il y a des
réclamations, même si l’agriculteur n’a rien à y voir, comme par exemple pour
avoir trop tardé à vendre un lot. Simplement par une déduction des pertes sur
le règlement final. Et si l’agriculteur n’envoie pas quelqu’un sur place pour
vérifier le problème et le négocier, on peut lui refuser un camion entier,
considéré défectueux pour une seule caisse problématique.
Pour l’instant, la course ne concerne que la pomme
et la pomme de terre, mais il parait évident que rapidement, peut-être avant la
fin de cette première étape, le principe sera généralisé à tous les fruits et
légumes.
D’autre part, qui va gagner ? Je ne le sais
pas. Ce que je sais en revanche, c’est que le gagnant va se faire un coup de
pub gigantesque, va engranger des bénéfices probablement énormes, sans effort ni
dépense de marketing. Imaginez donc, c’est Greenpeace qui va s’en charger. C’est
inespéré !
La meilleure pub pour les supermarchés, aux frais de
Greenpeace. C’est de l’humour, sans doute.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire