dimanche 10 avril 2016

75- Le jambon peut-il tuer?

LE JAMBON PEUT-IL TUER ?

Cet article récent est de José Miguel Mulet Salort, connu comme JM Mulet, professeur titulaire de biotechnologie à l’Université Polytechnique de Valencia (Espagne), auteur d’un livre polémique sur l’alimentation « Comer sin miedo » (Manger sans crainte), que je vous recommande chaudement de lire à fond, et grand défenseur de la cohérence scientifique face aux bobards des mouvements antiscience.
Il attaque de manière systématique les arguments anxiogènes, fréquemment lâchés en l’air par les militants environnementalistes, sans référence ou sans preuve scientifique fiable.
Je vous recommande son blog (en espagnol) www.jmmulet.naukas.com et son compte Twitter @jmmulet.

Voici donc l’article.


« Le jambon peut-il tuer ?
TOUT EST TOXIQUE.

La semaine dernière j’ai raconté comment ce qui est présenté par les moyens de communication comme une expérience scientifique ne l'est ’as toujours, en général par manque de contrôle.
Il existe un autre cas qui met en évidence la distance qu’il y a entre la science et les moyens de communication. En général la recherche est correcte, les contrôles sont corrects, le scientifique le communique aux médias...et la nouvelle qui est publiée n’a rien à voir avec la découverte. Souvent la presse donne une version alarmiste ou présente comme un scoop quelque chose qui ne l’est pas.

Pour commencer, une découverte scientifique se publie dans les revues scientifiques ou se patente. Facile, non ? En fait parfois le mécanisme de contrôle le plus simple échoue. Quand un scientifique fait une conférence de presse pour communiquer une découverte, sans publication ni patente…c’est un canular, ou il cherche la reconnaissance. Beaucoup de grands canulars de la science comme le moteur à eau de l’Université de Valencia, la fusion froide ou le cancer des rats alimentés au maïs OGM, furent présentés en conférence de presse sans que personne n’ait pu voir l’article. Et en général, les articles ne sont jamais publiés ou sont publiés et retirés.

Allons au deuxième problème, l’alarmisme. Par exemple, faisons une expérience simple et imaginaire. Prenons quelqu’un et nous lui faisons manger 100g de jambon serrano et nous évaluons sa santé. Le jour d’après nous lui en donnons 200g, le jour suivant 400g et ainsi de suite, en doublant la dose chaque jour. Au début, tous les paramètres de santé sont normaux, mais quand les doses augmentent, nous observons que les reins et d’autres organes commencent à flancher. Au bout du compte, le sujet meurt. Le scientifique publie la dernière dose de jambon absorbée (presque 4 kg en une fois) et raconte le tout à la presse. Le gros titre est : « Le jambon serrano est très toxique ».

Imaginaire ? Pour n’importe quelle substance on peut déterminer son niveau de toxicité en faisant des expériences similaire à celle que je viens de décrire, mais sur des animaux. Le paramètre le plus typique est la DL50 (dose létale), qui est la concentration qui provoque que la moitié des animaux de l’expérience ne meurent. Et il y a toujours un niveau à partir duquel une substance, quelle qu’elle soit, est toxique.

Par exemple, la DL50 de l’eau est de 6 litres. Actuellement que beaucoup de mairies veulent interdire le glyphosate, il convient de dire que celle de la caféine ou de l’aspirine est beaucoup plus basse. C’est-à-dire qu’il faut une dose beaucoup plus faible pour en mourir. C’est la même chose avec les composés cancérigènes. Il existe des essais pour évaluer la capacité d’un composé à provoquer le cancer, et le résultat n’est pas « oui » ou « non », sinon une probabilité de provoquer un cancer dans un lapse de temps déterminé. Pour cette raison, quand il y eut une panique, il y a quelques mois, parce que le jambon et la mortadelle étaient cancérigènes, il convient de rappeler que l’important n’est pas qu’ils le soient, sinon dans quelle magnitude. Et cette magnitude est très basse. De fait, le sujet imaginaire de l’expérience antérieure ne meurt pas de cancer, mais saturé de jambon.

Une erreur similaire est possible à l’inverse, quand le problème n’est pas de grandes quantités, mais de petites. Par exemple, des titres de presse tels que « L’eau de telle ville contient de la cocaïne… » ou « l’air de telle ville contient de l’héroïne… ». Allons, si vous allez à une fête un week-end, il ne sera pas nécessaire de dépenser beaucoup en vices, il suffira de boire et respirer et le shoot vous sortira gratis. Vraiment vous serez drogués ? Bien sûr que non. La question est que les systèmes de détection son toujours plus précis, et font que des quantités qui, autrefois, passaient inaperçues, désormais sont détectées. Et la situation est la même qu’avant, l’important n’est pas quoi, mais combien. Si on fait le calcul, pour se faire une raie de cocaïne, il faudrait boire toute l’eau du barrage de Contreras. Mais il y a un problème, avant de noter l’effet de la cocaïne, vous seriez mort.
N’oubliez pas, l’eau est toxique. Plus de 6 litres vous tuent. »

Je vous indique juste que le barrage de Contreras, en Espagne, dans la province de Valencia, a une surface de 2710 ha et une capacité de 943 millions de m3 d’eau.



Un petit article bien clair.
Faites attention, très attention à ce qui se dit, à ce qui se publie.

Il y a juste deux ans, je publiais sur ce blog un article intitulé « Nous sommes tous des cibles ! » https://culturagriculture.blogspot.com.es/2014/04/12-nous-sommes-tous-des-cibles.html
Je vous y expliquais comment nos comportements sont étudiés et décortiqués pour pouvoir nous présenter toujours ce que nous sommes supposés chercher. L’article était orienté vers la consommation des biens en général, au développement de la consommation, à nous pousser à dépenser de l’argent.
Je pourrais refaire le même article, sans presque rien changer, pour vous expliquer comment nos peurs, nos craintes, sont étudiées et utilisées pour nous conduire vers la direction que certains veulent.

Il y a un an, en février 2015, je publiais un autre article sur « L’affaire Alar » https://culturagriculture.blogspot.com.es/2015/02/38-laffaire-alar.html, dans lequel je vous racontais une des premières intox anti pesticides, dans les années 80, qui aboutit à la suppression d’un produit totalement inoffensif, utilisé pour améliorer la conservation des fruits. Une belle manipulation scientifique et une communication télévisée bien orchestrée, interdirent à quiconque de sauver un produit utile, sans aucun motif, par pure idéologie.

En septembre 2015, la web française ForumPhyto publiait un intéressant article sur la confusion habituelle entre danger et risque http://www.forumphyto.fr/2015/09/07/clairement-distinguer-danger-et-risque-risque-danger-x-exposition/. Ces deux notions sont très différentes, mais le public en général ne fait pas la différence, et les lobbies environnementalistes jouent largement avec cette ignorance.
En réalité risque = danger x exposition.
Vous pouvez y accéder à une vidéo intéressante (en anglais mais facile à comprendre) https://www.youtube.com/watch?v=PZmNZi8bon8&feature=youtu.be, dans laquelle on nous explique (entre autres choses), comment la farine de blé ne présente pas de risque habituel pour la santé des personnes. Pourtant le boulanger, exposé plusieurs heures par jour à la poussière de farine, peut développer des pathologies spécifiques, parfois graves, dues à son exposition.
Faut-il interdire la farine de blé parce qu’il est démontré scientifiquement qu’elle peut provoquer des maladies graves ?


En octobre 2015, je publiais un autre article intitulé « La conspiration du bluff » https://culturagriculture.blogspot.com.es/2015/10/56-la-conspiration-du-bluff.html dans lequel je vous expliquais comment les lobbies environnementalistes nous manipulent, en agissant sur nos peurs pour nous conduire à appuyer leurs thèses et leur vision du monde.
Je vous expliquais aussi que leurs finalités ne sont pas humanistes, tout le contraire. Tuer ne leur fait pas peur. De fait ils sont directement responsables de milliers de morts tous les jours. Ce sont des crimes contre l’humanité la plus pauvre, appuyés par l’humanité la plus riche.


Au bout du compte, réfléchissez bien, avant de signer une pétition, avant de demander l’interdiction d’une chose ou le retrait d’une autre.
A qui cela profitera-t-il ?
Qui va tirer profit de ce mouvement que vous appuyez, avec toute votre bonne foi ?
Et quelles seront les conséquences réelles de ce retrait ou de cette interdiction ?

Je suis en train de préparer un autre article, cette fois sur le glyphosate, l’herbicide que tout le monde, sauf les agriculteurs, veut voir disparaitre.

Les réseaux sociaux se sont convertis en une immense tribune manipulatrice.

Vous êtes manipulés. Nous sommes manipulés.


Ne vous laissez pas entrainer par la peur, ne laissez pas l’affectif, si facile à manipuler, dominer votre jugement et votre intelligence.

3 commentaires:

  1. En d'autre temps, des idéologues brûlaient des livres et ensuite des gens en croyant avoir raison ...
    Les manipulations que vous dénoncez font que maintenant, les agitateurs de peurs décident que les recherches ne servent à rien et ils détruisent les recherches.
    Qui nous garantit que demain, ils ne supprimeront pas les chercheurs ?

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    1. Ou plus simplement financeront la recherche, comme c'est déjà le cas, de manière à s'assurer que les résultats vont dans le sens désiré. C'est facile, et c'est extêmement efficace en terme d'efficacité de la communication, et surtout de la manipulation.

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