vendredi 26 août 2016

87- Qu'est-ce qu'un fruit?

QU’EST-CE QU’UN FRUIT ?


Nous consommons des fruits tous les jours, c'est une des bases de notre alimentation, on nous recommande chaudement d'en consommer cinq pièces par jour.
Mais en fait, c'est quoi, un fruit?
Ça sert à quoi?


Pour bien comprendre ce qu'est un fruit et quelle est la justification de son existence, il faut se placer dans la perspective de la plante, pas de l'être humain qui veut manger un dessert, ou qui veut manger équilibré.

La plante, comme tous les êtres vivants, a une priorité absolue dans la vie, se reproduire, assurer la pérennité de l'espèce. Dans la plupart des cas, elle fait ça grâce à la production de graines.

Photo: http://www.sawondo-sport.com/images/206/blog/206_5833.jpg

Le sens usuel du mot fruit inclut la plupart des produits végétaux sucrés, qui sont souvent consommés en guise de dessert. On y trouve la pomme, la pêche, la cerise, la mangue, le litchi, l’anone et beaucoup d’autres. On y inclut aussi l'ananas, la figue et la fraise par exemple, qui ne sont pas des fruits (ce sont des faux-fruits, infrutescences dans le cas de l’ananas ou de la figue, polyakène dans le cas de la fraise), ou encore la noisette, l'amande, les noix, sous la dénomination générique de "fruits secs", qui n'en sont pas non plus. En revanche on n'y inclut pas l'aubergine, le poivron, la citrouille ou la courgette qui en sont pourtant.
Je vais m'intéresser aujourd'hui au sens botanique du mot, donc au rôle que joue le fruit du point de vue de la plante. Le monde végétal ne fait rien par hasard. Si le fruit existe, c’est qu’il y a une justification à son existence. L’homme consomme le fruit parce qu’il l’a trouvé au hasard de ses recherches, à l’époque où il était encore chasseur-cueilleur, et il a depuis, appris à le domestiquer a travers l’agriculture.

Le fruit est l'enveloppe de la graine, donc une partie charnue de forme, taille, couleur et consistance très variables. Le fruit n'existe qu'au travers de la graine. Une simple preuve: si la pollinisation se fait mal, et que la graine avorte, le petit fruit chute avant de commencer son développement. La plante ne peut pas dépenser toute l'énergie nécessaire à la fabrication d'un fruit si la graine n'a pas pu se former, au risque de s'épuiser inutilement.

La structure générale est la même quel que soit le fruit. Ce sont les différences d’aspect, de texture, de composition et de proportion de chacun de ces éléments qui déterminent les caractéristiques de chaque fruit.
Voici ce qu’en dit Wikipédia dans son édition française :

Image: https://66.media.tumblr.com/tumblr_lllbhvyLO61qktyf1o1_500.gif

« Péricarpe
Le péricarpe est la paroi du fruit, issue de la transformation, après la fécondation, de la paroi de l’ovaire. Pour les faux-fruits, il résulte de la transformation du réceptacle floral.
Le péricarpe est formé de trois couches :
-       L'épicarpe, généralement coloré, usuellement nommé la peau;
-       Le mésocarpe, qui donne la partie juteuse des fruits charnus.
-       L'endocarpe, parfois lignifié et appelé noyau. »

Mais la plante se trouve confrontée à un problème fondamental: elle ne peut pas se déplacer. Pourtant, elle a besoin que ses graines soient transportées un peu ou beaucoup plus loin, chose qu'elle ne sait pas faire seule, sauf cas particuliers (comme c’est le cas du concombre d’âne, ecballium elaterium, capable de projeter ses graines à plus de dix mêtres de distance https://www.youtube.com/watch?v=wOIHzl2h9a8).

Pourquoi ce besoin d’envoyer les graines plus loin?
Pour éviter une surpopulation dans une même zone restreinte et un problème alimentaire et de survie. Elle a donc besoin de disperser ses graines aux alentours, hors de la zone d'influence de la frondaison du pied mère. Le règne végétal a montré une incroyable capacité à imaginer et mettre en œuvre des systèmes variés et très efficaces pour y arriver.
Certaines plantes utilisent les animaux pour le transport des graines. Pour cela, la graine doit alors être attractive, mais protégée.
D’autres préfèrent utiliser l’air ou l’eau comme moyen de transport. La graine doit alors être légère et "équipée" pour pouvoir voyager.

Revenons donc à notre plante, porteuse de fruits, souvent gros et lourds, cherchant à disperser ses graines à plusieurs mètres du pied mère.
Quelle est la solution? Se servir des animaux, mobiles, qui vont passer par là. Mais pour cela, il faut les attirer. Nous allons donc trouver une grande diversité de couleurs, de formes, d'arômes, de saveurs, et même de taille de fruits, pour attirer certains types d'animaux en particulier.
Par exemple, tous les fruits dont la semence est de grande taille (pêche, abricot, mangue, prune, etc.), cherchent à attirer des mammifères ou des grands reptiles, qui vont avoir la possibilité de les transporter.
Les fruits à semence petite (pomme, poire, agrumes, tomates, cucurbitacées et autres), peuvent attirer également les oiseaux et les petits rongeurs.


Alors le fruit en lui-même, celui que nous mangeons, en évitant soigneusement le noyau, à quoi sert-il vraiment?

Il joue plusieurs rôles, souvent successifs, au cours de son développement.
Tout au long du cycle, il a un rôle protecteur permanent pour la graine en elle-même. Par exemple, en cas de gel ou de grêle, c'est d’abord l'enveloppe qui va subir des dommages. La graine ne sera touchée qu’en cas de problème grave.


Au début du cycle, la graine en formation, encore très petite, est enveloppée par de la chair qui la protège des problèmes climatiques, et est habituellement peu attractive, répulsive ou parfois même toxique pour les animaux et les insectes, afin d’éviter que le fruit ne soit dévoré avant que la graine ne soit viable.
Durant cette phase, si la plante se trouve en situation périlleuse, dans laquelle sa survie est menacée, elle a encore la possibilité de se délester (partiellement ou totalement) de ses fruits afin de tenter de survivre. Elle « sait » que, se trouvant encore en début de cycle, elle n’a aucune chance de conduire la graine jusqu’à sa maturité. Il est donc plus prudent de s’en délester pour essayer de survivre au problème, afin de pouvoir refaire un essai l’année suivante.

Ensuite, se produit la nouaison, phénomène hormonal complexe qui fait que le fruit s’accroche définitivement à la plante. Il n’y a pratiquement plus de chute physiologique possible. Le fruit grossit, en même temps que la graine se développe et grandit. Il peut être utilisé par la plante comme réserve d'eau et d'éléments nutritifs, pour le cas où elle se trouverait dans une situation de risque (sécheresse, inondation, attaque parasitaire), qui compromettrait sa survie. Ce réservoir que constitue le fruit, doit permettre à la graine de terminer son évolution, même si la plante finit par mourir. Chez les végétaux, comme chez les animaux sauvages, la priorité n'est pas à la survie de l'individu, sinon à la pérennisation de l'espèce. Il est normal et habituel qu'un individu se sacrifie pour assurer la survie du groupe ou de la descendance.

Une fois l'évolution de la graine terminée, la plante va provoquer la maturation du fruit, accompagnée d’un changement de sa couleur et de la production de substances attractives, comme les sucres et les arômes, de manière à attirer des animaux dont la plante a besoin pour la dissémination des graines. Les animaux vont repérer puis consommer ou emporter le fruit, et rejeter la graine un peu plus loin, participant ainsi à la dissémination de l’espèce végétale.
La taille, la couleur, le type de chair, les arômes sont autant de caractères qui vont déterminer les animaux qui seront attirés par chaque type de fruit. L’évolution locale d’individus sauvages va aussi ajouter une variabilité génétique à l’intérieur de la même espèce végétale.
Les hybrideurs, ceux qui créent des variétés par les voies naturelles (par la pollinisation contrôlée, pas par la transgénèse), recherchent cette variabilité génétique due aux croisements de hasard dans la nature, et à l’adaptation locale, afin de transmettre les caractères intéressants. Par exemple, un fruit sauvage originaire d’une région très humide aura probablement développé une tolérance ou une résistance à certaines maladies fongiques ou bactériennes favorisées par l’humidité. Ce caractère pourra être transmis à une partie de sa descendance.

 Photo: http://leschauvessouris.l.e.pic.centerblog.net/ef0529ca.jpg

Pour l'agriculteur, dans le cas de la plupart des fruits et légumes, ce qui importe le plus, c'est l'enveloppe, pas la graine, qui souvent, n'est pas consommée. Mais, sauf cas particuliers, sans graine, il n'y a pas de fruit.
C'est pour cela qu'il est important de comprendre que l’objectif de l’agriculture est de produire le fruit, alors que la plante cherche à produire la graine contenue dans le fruit.

Notre intérêt pour le fruit n’est pas le même que celui de plante.
La plante protège sa graine par l’intermédiaire du fruit. Le fruit est là pour subir des agressions de toutes sortes, climatiques, attaques d’insectes ou de maladies. C’est sans importance tant que la graine est saine et sauve.
Mais l’agriculteur, lui, doit protéger la plante contre toutes les agressions extérieures, car son objectif est d’obtenir un fruit présentable, donc beau, pour pouvoir le vendre.
Il doit protéger le protecteur.

Il doit être capable de produire le fruit, même si la graine n’est pas viable.


Cette différence de finalité représente une gageure et une des difficultés fondamentales de la production agricole.

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