LE PRIX A LA CONSOMMATION
Sous le titre (traduit) « Les bas prix
de ce début de la campagne de fruits à noyaux ne sont pas répercutés au
consommateur », la web agricole espagnole Agrodigital informe sur l’énorme
disparité entre les prix payés à l’agriculteur et les prix payés par les
consommateurs (http://www.agrodigital.com/PlArtStd.asp?CodArt=114482).
Précisons que ce qu’on appelle les fruits à
noyaux sont les fruits charnus du genre prunus, c’est-à-dire l’abricot, la
pêche, la nectarine, la prune et la cerise.
Image: http://es.globedia.com/imagenes/noticias/2011/11/25/exportaciones-frutas-hortalizas-caen-septiembre-bajos-precios_1_984948.jpg
La situation de l’année 2017 est un cas qui
malheureusement se répète avec une certaine fréquence. Le marché, pour
problèmes climatiques en destination, s’est mis en marche avec difficulté et
lenteur. C’est un problème dont je vous ai déjà parlé l’année dernier, qui
recommence cette année à nouveau (voir http://culturagriculture.blogspot.com.es/2016/05/77-intemperies-8-en-destination.html).
Les conditions climatiques n’étaient pas
favorables à la consommation dans les zones de destination, mais par contre
elles l’étaient dans les zones de production. Le fruit murit, il faut le
cueillir, mais il est expédié plus lentement qu’il n’est produit. L’offre se
déséquilibre par rapport à la demande, et les prix s’effondrent.
C’est une situation relativement habituelle
dans la production d’aliments, qu’on essaie de réguler par la conservation.
Mais certaines productions, dont la vie commerciale est très courte (pêche, fraise,
laitue, courgette, etc.) ne supportent pas ces conditions, et se conservent peu
de temps.
Un peu plus tard, les conditions
climatiques en destination se sont améliorées, la consommation a redémarré,
mais les prix ne se sont pas relevés.
Les prix en origine se maintiennent à un
niveau si bas qu’ils ne couvrent même pas les frais basiques de la culture. Ils
se situent à peu près à la moitié de ce qu’ils étaient l’année dernière aux
mêmes dates.
Beaucoup de producteurs de fruits à noyaux
abandonnent les fruits sur les arbres sans les récolter, d’autres vont jusqu’à
arracher des vergers avec les fruits dessus.
Pourtant, les prix à la consommation sont
similaires à ceux de l’année dernière.
Autrement dit, les agriculteurs sont en
train de souffrir durement, au cours d’une campagne qui restera comme une des
pires des 50 dernières années, mais les marchés profitent de la situation pour
gagner beaucoup d’argent, au risque de couler un secteur aussi important que la
production de fruits et légumes.
La différence entre le prix payé à l’agriculteur
et le prix payé par le consommateur durant ce mois de mai est approximativement
le suivant :
7 fois pour les fruits à noyaux
7 fois pour la courgette
9 fois pour la tomate
9,5 fois pour le poivron.
Une différence normale devrait se situer
entre 3 et 5 fois, variable selon les produits, pour couvrir les frais élevés de
sélection, emballage, conservation, vente, transport, distribution y point de
vente.
Actuellement, une vente de pêche ou de
nectarine à 3€50 au consommateur laisse à peine 0€50 à l’agriculteur, ce qui
est insuffisant pour assurer la pérennité du verger, tout en étant un prix
élevé pour le consommateur.
Quelque chose va mal dans notre système de
distribution des biens de consommation.
Il est totalement anormal que les deux maillons
essentiels de la chaine, c’est-à-dire le producteur à une extrémité, et le
consommateur à l’autre, soient victimes du système de distribution.
Image: http://www.depannage-informatique-caen.fr/autre-site/site-leclavier/images/vente-paniers-bio.jpg
La vente directe du producteur au
consommateur n’est qu’une petite partie de la solution car elle ne pourra
jamais concerner qu’une toute petite partie des producteurs, et une toute petite
partie des consommateurs, surtout dans les pays aux économies les plus riches.
Il est nécessaire et urgent d’imaginer un
quelconque type de régulation des marchés capable d’éviter ces abus,
susceptibles de provoquer de graves dommages à un secteur pourtant essentiel et
stratégique, comme celui de la production d’aliments.
Ne serait-ce pas plutôt une simple opération marketing pour essayer de toucher le cœur de la victime, le consommateur ?
Image: https://www.2luxury2.com/wp-content/uploads/Inglorious-Fruits-and-Vegetables-The-Designs-of-the-Year-2015-nominees-@-Design-Museum-London.jpg?x96773
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