lundi 26 octobre 2015

56- La conspiration du bluff

LA CONSPIRATION DU BLUFF

Je suis en plein questionnement, depuis pas mal de temps, sur les raisons réelles des virulentes attaques lancées contre l'agriculture ces dernières années. J’essaie de comprendre d’où vient cet acharnement totalement injustifié, et en général sans aucun fondement médical ou scientifique digne de ce nom.

Car enfin, quoi qu'en disent certains, la qualité globale de l'alimentation a énormément progressé ces dernières décennies.
Un seul critère de qualité a baissé de manière quasi unanimement reconnue, c’est la qualité gustative. Malgré tout, ces dernières années, grâce à la sélection variétale, on voit arriver sur les étalages des variétés modernes au goût toujours meilleur, comme par exemple les tomates cœur de bœuf ou noire de Crimée.

Vous me direz, pourquoi des variétés modernes ? Les anciennes ne valaient donc rien ? Oui et non. J’y consacrerai un article entier probablement, car je crois que ça vaut le coup. Mais pour faire bref aujourd’hui, je vous dirai seulement que les variétés modernes répondent à des préoccupations que le consommateur a parfois du mal à saisir, comme la productivité, l’allongement de la période de production, la résistance aux manipulations, la capacité de conservation, la capacité à réduire le gaspillage alimentaire à tous les échelons de la chaine, depuis le champs jusqu’à la consommation, l’adaptation à une grande diversité de climats, la résistance à certaines maladies ou à certains parasites, etc. Il faut aussi constater que le système de mise en marché des denrées alimentaires a considérablement changé depuis 40 ans, avec une domination, toujours plus grande, de la grande distribution. Les exigences de ce type de mise en marché ont obligé les producteurs à s’adapter pour ne pas disparaitre, à des normes que n’avaient pas, jusqu’à il y a très peu de temps, la qualité gustative comme priorité.
Un autre point préoccupe le public, les résidus de pesticides. En réalité ce problème existe depuis les premiers traitements au cuivre. Sauf qu’à l’époque personne ne s’y intéressait, par ignorance du risque, et il n’existait pas de moyens pour contrôler. Pourtant les produits étaient infiniment plus dangereux, et les règlementations pratiquement inexistantes. Mais désormais, on est capable de le mesurer, donc nombre de résidus apparaissent, dans des niveaux extrêmement bas et sans risque, mais on les détecte. Ce n’est pas qu’il y a plus de résidus qu’avant, bien au contraire, mais c’est qu’on est capables de mesurer des taux toujours plus faibles, donc on décèle des résidus qu’on était incapables de détecter il y a peu, alors qu’ils étaient très probablement présents.

Pour le reste, c'est rien que du bon. Diversité, périodes de production et de consommation allongées, qualité de conservation, amélioration des circuits de froid, amélioration des méthodes de production, hygiène, amélioration de la productivité, réduction de l'impact environnemental, recyclage, intégration sociale, tout a été fait pour que la production agricole soit nettement meilleure à tous points de vue.

Une autre constatation démontre clairement tous ces progrès réalisés : la réduction de la faim dans le monde. Nous sommes loin des objectifs prévus ? Oui et non, car en même temps que la faim régresse, la population mondiale augmente, donc le pourcentage de gens n'ayant pas accès à une alimentation suffisante baisse nettement plus vite.

Si on regarde les deux courbes ci-dessus, issues des chiffres de la FAO, on voit que depuis les années 90, la faim dans les pays en développement a baissé de 1 milliard à 800 millions de personnes affectées. Si ces mêmes chiffres sont mis en pourcentage sur la population totale, on est passé de 23,3% à 12,9%, soit une réduction de 45%. C’est bien, mais il est évident que ça reste insuffisant. Il est difficile à accepter qu’une personne sur 9, au niveau mondial, puisse souffrir de la faim au XXIème siècle.
A ça, il faut ajouter que l'alimentation joue un rôle prépondérant dans l'allongement de l'espérance de vie, l'allongement considérable de l'espérance de vie en bonne santé, l'amélioration des conditions de vieillissement. Son rôle va de pair avec l'accès à l'eau potable, l'hygiène et l'accès à la médecine.

Pourtant, l'image de la qualité des aliments baisse, et l'image des agriculteurs avec elle.
On est en droit de se poser de sérieuses questions. Qu'est-ce qui nous vaut un tel désamour, de telles critiques, voire un rejet frontal dans certains cas ? Pourquoi le public est-il si enclin à croire les déclarations fracassantes et injustifiées de certains manipulateurs, plutôt que les études scientifiques les plus nombreuses et les plus sérieuses, et la simple constatation des faits les plus évidents ?

Il y a quelques temps, je suis tombé sur un article, en espagnol, paru sur Libertaddigital.com « el ecofascismo resumido en 10 citas celebres » (l’écofascisme résumé en 10 citations célêbres) http://www.libertaddigital.com/ciencia/el-ecofascismo-resumido-en-10-citas-celebres-1276390915/ et qui m'a apporté certains éléments de réflexion. A vrai dire, je n’ai d’abord pas su quoi en faire.
Je ne suis pas porté sur les ragots et les rumeurs. Pourtant, tout ceci colle tellement bien à la situation, aux faits, à la réalité...

Puis je suis tombé, ces jours-ci, sur le dernier article de blog de Daniel Sauvaitre « Le monde selon Greenpeace », (déformation du fameux rapport de Greenpeace « Le monde selon Monsanto ») http://www.daniel-sauvaitre.com/2015/10/le-monde-selon-greenpeace-ou-quand-le-debat-est-frenetiquement-modifie.html
Daniel Sauvaitre, président de l’ANPP, Association Nationale Pommes Poires, et président de WAPA, World Apple and Pear Association, explique comment Greenpeace, attaqué en justice par l’ANPP à la suite de la publication d’un rapport au titre injustifié mais très provocateur « Pommes empoisonnées », l’a fait interdire de participation à un symposium international prochainement organisé à Bruxelles « Feeding Europe by reducing pesticides dependency » (Nourrir l’Europe en réduisant la dépendance aux pesticides). C’est fort, quand on y pense, alors que précisément la pomme est le fruit accusé d’être le plus porteur de résidus de pesticides. Il aurait pourtant été judicieux que l’actuel principal représentant de cette filière y puisse s’exprimer.

Il semble évident que Greenpeace, pas très sûre de son propre discours, craint la présentation argumentée de la profession qu’elle ne cesse d’attaquer, dans un forum international dont les répercussions seront forcément importantes. La démonstration publique du mensonge qu’elle organise et orchestre pourrait lui faire perdre de sa crédibilité.

Or, crédibilité = financement et puissance.

Greenpeace, pourtant officiellement grand défenseur de la liberté d’expression dévoile ainsi son côté obscur, le rejet frontal de ce qui s’oppose à ses thèses, de tout ce qui peut lui faire perdre du pouvoir, autrement dit le profond rejet de la liberté d’expression, pour des motivations difficilement avouables à ses habituels soutiens.

Et puis ces derniers jours, Greenpeace encore, en remet une couche. Vous pouvez lire l’article de synthèse de Forum Phyto http://www.forumphyto.fr/2015/10/14/les-pesticides-une-drogue-addictive-de-lagriculture-europeenne/, ou le rapport complet http://www.greenpeace.org/switzerland/Global/switzerland/fr/publications/agriculture/2015_Agriculture_Rapport_EuropePesticides.pdf . C’est en fait un argumentaire de plus, à l’évidence préparé en vue du fameux symposium cité juste avant, qui n’apporte aucune donnée nouvelle, mais qui ose la provocation au point de soupçonner les agriculteurs d’être accros aux pesticides. Du grand guignol !!!

 côté de ça, Greenpeace publie les résultats de ses enquêtes dans tous les pays européens, comme par exemple en Espagne http://www.freshplaza.es/article/92633/Greenpeace-denuncia-el-uso-de-plaguicidas-en-las-manzanas-espa%C3%B1olas
Heureusement, à trop crier au loup, tout le monde finit par se lasser, comme on peut le constater avec le flop des dernières actions en cours http://www.forumphyto.fr/2015/10/23/pesticides-greenpeace-tente-presque-vainement-de-faire-peur/
En fait, sans le vouloir, Greenpeace démontre, chiffres à la clé, que la pomme européenne est plus sûre que jamais. Pas de chance, elle voulait juste faire passer le message inverse !!!

Alors, on se pose des questions. Pourquoi l’Europe est-elle la cible favorite, particulièrement la France et les pays anglo-saxons ? Si c’est en Europe que les règles sont de très loin les plus strictes au niveau mondial, et si les pays anglo-saxons et la France sont, en Europe, les pays où les règles européennes sont les plus contrôlées, les mieux appliquées, et même encore durcies.
La raison existe, et elle est entièrement politique, et sociale. C’est parce que c’est là que le public est le plus sensible aux âneries dites, redites et rabâchées par les manipulateurs. Plus la ficelle est grosse, plus on y croit.
C’est là que la sensibilisation aux problèmes environnementaux a été la plus intense, et c’est là que le public a le mieux répondu à cette sensibilisation. C’est aussi là que les critiques contre les institutions sont les plus habituelles. C’est encore là que la révolution industrielle et les guerres ont fait le plus de dégâts, en particulier à cause de la relativement faible étendue géographique par rapport à la population. Le terrain est donc bien préparé, fertile. Les faits sont établis, il est donc facile de lancer une dérive volontaire.
Nous vivons dans un mélange étrange et explosif de crédulité, de paranoïa, de sadomasochisme intellectuel, de sensationnalisme, de goût de la critique, d’envie irrépressible d’aller contre les institutions, d’inculture, de peur de tout et de saturation d’informations invérifiables. Et à la tête de tout ça, une classe politique veule, faible et corrompue, qui n’a qu’une seule peur, la réaction de son électorat. Peu importe la décision prise, pourvu que les sondages restent positifs.

On a déjà connu ça, dans l’histoire de l’humanité, sous d’autres formes, seulement différentes par la technologie disponible à chaque époque. C’est comme ça qu’ont disparu des grandes civilisations de l’Histoire, comme l’Empire Romain ou l’Empire Ottoman, par exemple.
On appelle ça la décadence.

Le déclin de l’Empire Européen ?

Le meilleur dans tout ça, c’est que si les manipulateurs arrivent à leurs fins en Europe, le reste du monde suivra, tôt ou tard. C’est un des principaux marchés d’exportation au niveau mondial. Si l’Europe durcit les règles, le reste du monde devra aussi le faire pour pouvoir continuer à y exporter ses productions. Double bénéfice.

Et j’ai alors compris ce que je devais faire de cet article en espagnol.
Vous allez comprendre. L'article apporte des citations intéressantes, dont j’ai sélectionné les 7 qui concernent mon sujet, que j’ai choisi de classer en deux groupes. Les autres citations concernent l’énergie.

1- La communication
"A la recherche d'un nouvel ennemi face auquel nous retrouverions l'unité d'action, nous avons eu l'idée que la pollution, la menace du réchauffement global, le manque d'eau potable, la faim et d'autres choses du même genre, feraient très bien ce travail". (Club de Rome).
Le Club de Rome est un groupe de pensée, créé en 1968, précurseur des idées d'empreinte écologique et de développement durable, et initiateur de l'écologie politique.

"Nous avons besoin d’obtenir d'un large soutien pour stimuler l'imagination du public... Pour cela nous devons proposer des scénarios terrorisants, faire des déclarations dramatiques et simples et ne pas laisser place au doute... Chacun d'entre nous devra décider où se situe l'équilibre entre l'efficacité et l'honnêteté". (Stephen Schneider, professeur de climatologie à Stanford, auteur de nombreux rapports du IPCC).

"Nous sommes au début d'une transformation globale. Tout ce dont nous avons besoin est la grande crise adéquate". (David Rockefeller, membre de la direction du Club de Rome.)

"Peu importe quelle est la vérité, seul compte ce que les gens croiront comme étant la vérité". (Paul Watson, cofondateur de Greenpeace.)

Vous voyez l'idée ? Il me semble que j’y vois déjà plus clair. C’est parfois dur de se sentir manipulé.
On lance des attaques tous azimut, sur des sujets susceptibles de faire peur, afin de manipuler l'opinion, et conduire les gens à aller seuls vers les idées que nous voulons imposer. Et la vérité n'a aucune importance, seul le résultat compte.

Vous en voulez quelques illustrations agricoles? La pomme. Souvenez-vous de mon article, mon best-seller à ce jour sur l'affaire Alar http://culturagriculture.blogspot.com.es/2015/02/38-laffaire-alar.html , ou de ce récent reportage manipulé, dont un ami m'a encore parlé récemment, sur la pomme, encore elle, cible facile et qui concerne un très large public http://www.agriculture-environnement.fr/a-la-une/article/le-curieux-patriotisme-alimentaire-de-france-2?var_mode=calcul .
Daniel Sauvaitre s’est transformé en chevalier défenseur de la pomme. Il a de quoi faire. Heureusement il est soutenu par toute la profession, mais il est dur de lutter contre les rumeurs, surtout si elles sont orchestrées par des groupes aussi puissants que Greenpeace.
L'agriculture est devenue une cible privilégiée, car ses acteurs sont fragiles, ses produits sont de première nécessité et de consommation quotidienne, et son activité agit directement sur l’environnement. Tout est réuni en une seule cible.

2- La place de l'homme.
Ensuite, vient un point que j'avais du mal à comprendre. Pourquoi une telle virulence, quand les évidences des progrès réalisés sont partout ? La faim régresse partout dans le monde. Ce n'est pas par hasard. C'est en grande partie dû aux progrès agricoles. L'évidence est là. Pourtant les organisations écologistes rejettent une grande partie des progrès passés, ne pointant du doigt que les défauts, et bloquent les progrès à venir.

Voyons donc quelques citations intéressantes.
"Mes trois objectifs fondamentaux seraient de réduire la population mondiale à environ 100 millions d'habitants, détruire le tissu industriel et essayer que la vie sauvage, avec toutes ses espèces, se rétablisse dans le monde entier". (Dave Foreman, cofondateur de Earth First !)
Earth First ! est un mouvement écologiste radical dont les méthodes et les actions directes ont fait école parmi les mouvements actuels.

"La Terre a un cancer, et ce cancer c'est l'Homme". (Club de Rome)

"L'extinction de l'espèce humaine non seulement est inévitable, c'est aussi une bonne chose". (Christopher Manes, Earth First!)

Édifiant, non ?
Il est évident que les écologistes convaincus, et les gens favorables à plus d'écologie ne pensent pas tous de manière aussi radicale. Mais quand on voit la quantité de mensonges qui circulent sur l'alimentation et l'agriculture, il parait évident que ces pensées extrémistes ont réussi à s'infiltrer dans toutes les organisations écologistes et leurs supporters, plus ou moins profondément.
Si vous en doutez, regardez simplement ce qui se publie sur votre propre secteur d'activité. Ne vous est-il jamais arrivé, en lisant un article ou en voyant une émission qui parlait de votre spécialité, de voir un mensonge évident ou une omission grave ? Je suis sûr que si. C'est quotidien et à propos de tout. Mais évidemment, on ne se rend compte des mensonges que de ce qu'on connait.

Vous pouvez aussi relire mon article sur les Ogm, dans lequel je défends que l’humain doit passer avant l’idéologie http://culturagriculture.blogspot.com.es/2015/09/53-ogm-et-pourquoi-pas.html
Et je ne suis pas le seul à penser que l’écologisme extrémiste a peu à envier aux extrémismes politiques ou religieux les plus violents.



Alors évidemment, on peut penser que c’est de l’intox, une sorte de contrattaque.
Mais il suffit, pour vérifier que ce n’est pas le cas de regarder la vidéo de Patrick Moore, cofondateur de Greenpeace, quand il explique pourquoi il a quitté l’organisation (en anglais sous-titré en espagnol, mais facile à comprendre). 



Il nous explique que deux des points qui l’ont profondément choqué jusqu’à renoncer, c’est d’une part le refus brutal, et sans aucun fondement scientifique, de la chimie en général, et plus particulièrement de la chloration de l’eau potable, et d’autre part la croisade insensée de Greenpeace contre le riz doré, responsable à ce jour, de 8 millions de morts, surtout des enfants.
On s’inquiète de Daesh, on aide les réfugiés du Moyen Orient, et on a raison de le faire. Mais pourquoi ne fait-on rien quand Greenpeace décide de laisser mourir des millions de gens ? Non seulement on ne fait rien, mais on applaudit et on finance généreusement le plus grand génocide du XXIème siècle.
Et le public, c'est à dire vous et moi, nous recevons cette avalanche de mensonges ou de vérités truquées, sans avoir en général la capacité d'en distinguer le vrai du faux. Et inévitablement nous y croyons.

Au fait, n'oubliez pas que ces méthodes sont aussi celles utilisées par les sectes et les dictatures.
Et puisque nous sommes dans les citations, en voici deux intéressantes, surtout quand on sait de qui elle sont :
« Un mensonge répété dix fois reste un mensonge ; répété mille fois, il devient une vérité ». (Adolf Hitler)
« Plus le mensonge est gros, plus les gens y croient. » (Joseph Goebbels, chef de la propagande nazie)

La déviation de la vérité ou le mensonge franc et direct sont des méthodes de communication voulues par les organisations écologistes pour que le public les suive aveuglément.
Et ça marche !!!
Comme les nazis, qui arrivèrent au pouvoir de manière démocratique.
On appelle ça de l’endoctrinement.
Mais bon, si on provoque quelques millions de victimes par pure idéologie, quelle importance ?

Les humains sont de toute façon trop nombreux, non ?

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