dimanche 4 janvier 2015

24- Convertir la peur en connaissance

Cette semaine, par la page web de Forumphyto (voir le link dans la colonne de droite de ce blog), m’est arrivé un article que j’ai trouvé original dans son argumentation.
Dans une colonne d’opinion du journal digital argentin ON 24 du 1er juillet, Alcira Cavallo, de CASAFE (association argentine d’entreprises de technologies pour la protection des cultures), a publié le billet suivant. Il m’a paru très intéressant, donc j’ai décidé de le traduire au complet.

Le link, en espagnol, est le suivant :



Il est nécessaire de remplacer la peur par la connaissance.
Le débat sur les bénéfices des produits phytosanitaires et leur impact sur la population et l’environnement est une question en souffrance.


Les questionnements sur l’utilisation de produits pour la protection des cultures en zones historiquement en relation avec l’agriculture obligent à renforcer la relation entre le secteur productif et la société.

Le large débat sur l’utilisation de pesticides et sur l’efficience productive, la qualité des aliments et son impact sur l’environnement et la population, est un des sujets en souffrance en Argentine.

« La gestion des maladies et ravageurs n’est pas un caprice, son principal fondement est la garantie de la qualité des aliments; le second objectif est celui des rendements », affirme Alicia Cavallo, du département de Protection des Végétaux de la Faculté des Sciences Agricoles de l’Université Nationale de Córdoba. Et elle ajoute que « une des méthodes les plus efficaces est l’utilisation de produits pour la protection des cultures, spécifiques et correctement appliqués ».

Cependant elle insiste que « n’utiliser aucun type de contrôle peut conduire à la perte totale de la culture ou à des problèmes de qualité » aux conséquences graves sur la consommation humaine. À titre d’exemple, Alicia Cavallo signale que « un champignon comme le fusarium dont les grains de maïs peuvent être porteurs, est toxique en lui-même et cancérigène ».

L’impact environnemental

Pour la spécialiste, les premiers pesticides de synthèse introduits dans le pays à partir de la seconde guerre mondiale, et ceux qui sont utilisés aujourd’hui en agriculture sont « pratiquement le jour et la nuit. De plus, la plupart de ceux qui sont utilisés de manière massive sont des produits dont la risque toxicologique s’améliore en permanence ».

De son point de vue, la polémique sur l’utilisation de produits pour la protection des cultures provient de « personnes qui ne sont pas spécialistes en la matière et construisent des théories sans fondement scientifique, souvent influencées par des positions idéologiques qui finissent par diaboliser le sujet ».

A cela, il faut ajouter l’incrédulité des administrations publiques. « Si nous ne croyons pas les organismes de contrôle, les organismes internationaux, l’Organisation Mondiale de la Santé ou la FAO, la situation devient anarchique car on ne reconnaît plus aucune sorte d’autorité », explique-t-elle.

Tout ceci conduit à « la croyance de que tout ce qui est chimique est toxique et tout ce qui est naturel est sain. Cette dichotomie effraye les gens, et c’est sur ces bases que se créent les mouvements anti-pesticides, ce qui est grave », affirme-t-elle.

En contrepartie, elle propose de convertir la peur en connaissance. Par exemple, certains herbicides qui s’appliquent sur le sol, risquent d’arriver jusqu’aux nappes phréatiques superficielles s’ils sont appliqués à doses très élevées, comme ça a été le cas avec l’atrazine en Europe, où les inconvénients étaient dus aux doses excessives appliquées sur des sols non adaptés. Le produits tendait à percoler dans le sol et arrivait jusqu’aux nappes, parfois très superficielles. « Mais si on l’applique avec une dose correcte et d’un façon appropriée, il ne devrait pas y avoir d’inconvénients ».

En ce qui concerne les responsabilités, Alicia Cavallo souligne la nécessité de faire superviser les applications de produits phytosanitaires par des professionnels. « un pesticide ne peut pas être appliqué par n’importe qui. Pour cela, il existe des ingénieurs agronomes qui font de longues études pour prendre cela en charge. La professionnalisation des activités en relation avec les pesticides est fondamentale » assène-t-elle.

Prendre en charge

De plus, l’absence d’un cadre légal au niveau national conduit à la disparité des critères, au désordre et au manque de contrôle dans beaucoup de districts. « Ici à Córdoba, il y a une loi (Nro. 9.164/04) et il y a de nombreux inspecteurs dans les champs. On y exige l’ordonnance agronomique pour l’application de pesticides, il y a des sanctions et on peut y confisquer les pulvérisateurs s’ils n’ont pas d’accréditation en règle, ainsi que celle de leur utilisateur », souligne Alicia Cavallo. De toutes manières, « les produits de catégories I et II ne peuvent pas être utilisés à moins de 500 mêtres des zones urbaines, ce qui est une restriction très importante », analyse-t-elle, soulignant qu’ « il reste très peu de produits qui peuvent encore être utilisés à proximité des villes ».

En ce qui concerne la peur dans le public, Alicia Cavallo pense que « si les gens étaient correctement informés de ce qui va se passer, ils n’auraient plus peur ». Dans ce sens, elle souligne que les entreprises doivent renforcer la relation avec la société, depuis les universités et les écoles d’agriculture jusqu’aux populations rurales. « Si les gens étaient bien informés, s’ils savaient correctement ce que sont les produits pour la protection des cultures, ils en accepteraient beaucoup mieux l’utilisation » dit-elle en conclusion.

Auteur : Alcira Cavallo - Casafe



Commentaires

Je crois important de signaler que l’atrazine, dont parle Alicia Cavallo, est toujours un herbicide très utilisé dans le monde (c’est le deuxième herbicide le plus utilisé aux États-Unis après le glyphosate), mais son utilisation est interdite dans la Communauté Européenne depuis 2004.

D’autre part, les normes de contrôle appliquées dans la province de Córdoba, sont très similaires à celles qui sont actuellement appliquées ou en cours de mise en place dans la Communauté Européenne et dans beaucoup d’autres pays du monde. La prise de conscience par les administrations publiques des risques provoqués par les mauvaises utilisations des pesticides, conduit à un durcissement progressif de toutes les normes d’utilisation.

La professionnalisation est déjà une réalité dans de nombreux pays.

Mais ce qui manque le plus, c’est une communication réaliste et impartiale, dirigée vers le grand public, pour « supplanter la peur par la connaissance ».

Nous ne pouvons pas tolérer que cette communication soit laissée aux mains d’organismes privés, car elle est souvent altérée « par des positions idéologiques qui finissent par diaboliser le sujet ».

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