dimanche 4 janvier 2015

32- Les méthodes de production -4- La Production Intégrée



L'AVENIR DE L'AGRICULTURE



La Production Intégrée est un terme apparu dans les années 70, après que l’OILB (Organisation International de Lutte Biologique) ou IOBC (International Organisation for Biological Control), en ait fixé les principes.

Il s’agit d’un mouvement scientifique et technique, qui prend sa source dans les années 60, et qui est une proposition de rationalisation de la production agricole (telle qu’elle se pratiquait il y a 50 ans). On peut actuellement la situer entre la Production Conventionnelle et la Production Biologique. La cause de cette « invention » est relativement simple.

Pour bien la comprendre, il faut se replacer dans le contexte de l’agriculture et de l’agrochimie de ces années-là. Nous étions alors dans la situation d’une agrochimie en plein essor, triomphante, d’une agriculture où la productivité était la priorité absolue, où la recherche agronomique commençait à sortir des centres de recherche pour être diffusée auprès des agriculteurs, et où les progrès productifs étaient fulgurants.

Il faut aussi ajouter que l’opposition à ce mouvement fortement productiviste et à peu près totalement dénué de préoccupations environnementales se renforçait au même rythme. Mais malgré cela, la Production Biologique était encore dans une phase initiale, avec d’énormes problèmes techniques non résolus par manque de solutions et de connaissances.

D’autre part, les conséquences environnementales des pratiques agronomiques de l’époque étaient mal connues, et non diffusées, ni au public, ni aux agriculteurs.

Cependant, les travaux conduits par les chercheurs du monde entier commençaient à montrer qu’une bonne connaissance de la culture et de ses problèmes agronomiques, physiologiques et phytosanitaires, associée à des méthodes simples d’observation et de mesure, permettait d’obtenir d’excellents résultats techniques, aussi bien en Agriculture Biologique qu’en Agriculture Conventionnelle.

Les conséquences les plus directes étaient d’une part une consommation nettement moindre de pesticides et de fertilisants, puisque les applications en étaient mieux ciblées, et d’autre part, des conséquences très positives sur l’environnement.

Au début, on prenait surtout en compte l’aspect de la protection phytosanitaire. On parlait alors de Lutte Intégrée, terme toujours employé par certains. C’est d’ailleurs la dénomination qu’utilisent toujours les anglo-saxons, qui utilisent le sigle IPM (Integrated Pest Management). Mais rapidement, il devint évident que le mot « Lutte » était inadapté, il valait mieux utiliser le mot « Protection ». On commença à parler de Protection Phytosanitaire Intégrée (ou Raisonnée).

Enfin, l’observation des interactions entre le végétal et son environnement montra que se limiter au seul aspect de la protection phytosanitaire était beaucoup trop réducteur. Cela permit de faire encore évoluer le concept vers ce que l’on nomme aujourd’hui la Production Intégrée ou Production Raisonnée.





De quoi s’agit-il ? De la rationalisation dans la gestion des cultures, en préférant toujours les moyens naturels et les techniques de prévention, pour n’utiliser les interventions chimiques qu’en dernier recours, lorsque les autres techniques n’ont pas abouti. Tout est pris en compte pour intégrer dans la gestion les aspects économiques, écologiques et écotoxicologiques, en plus des problématiques agricoles.

Dans ce contexte, l’objectif de l’agriculteur devient de faire en sorte que l’équilibre du végétal, le fonctionnement optimal du sol, et le respect de l’écosystème que représente la ferme et son environnement, limitent ou évitent le besoin d’intervenir par des moyens non naturels.



De nombreuses situations déséquilibrées conduisent à des traitements qui pourraient être évités par une bonne gestion globale. Voici trois cas, très différents les uns des autres, pour illustrer ce point clé, mais il existe une infinité de situations de ce genre.

Par exemple, une ferme bien nivelée ou dont les écoulements ont été bien étudiés, va permettre d’éviter des zones dont l’évacuation des eaux de pluie ou d’irrigation est difficile. Ces zones peuvent provoquer une asphyxie racinaire affaiblissant la culture et/ou porte d’entrée de certains champignons ou bactéries du sol qui peuvent attaquer la culture, obligeant l’agriculteur à réaliser des traitements chimiques, ou à surfertiliser la culture pour compenser sa faiblesse. Ce travail préalable au semis ou à la plantation permet d’éviter un risque de pollution et une dépense inutile.

Autre exemple, certains sols sont habités par des vers microscopiques, appelés nématodes, qui peuvent attaquer gravement la culture. Dans les zones où les nématodes sont naturellement présents, il faut éviter les cultures sensibles, ou les greffer sur des porte-greffes résistants. De cette manière, la production n’est pas affectée, et il n’est pas nécessaire de réaliser des traitements très polluants et très chers.

Encore un exemple pour finir : un excès d’azote, élément indispensable à la plante pour sa photosynthèse, peut conduire à un excès de vigueur qui peut favoriser les attaques de nombreux types de parasites (champignons, acariens, pucerons, cicadelles, etc.). Un bon contrôle de l’alimentation azotée permet d’éviter ces attaques et les traitements qu’elles occasionneraient, ou au moins de les limiter fortement. Quand j’ai commencé comme jeune conseiller dans les années 80, il était normal que les vergers soient traités contre les acariens plusieurs fois par saison. Actuellement, grâce à une meilleure gestion globale et surtout nutritionnelle des vergers, il est rare de devoir réaliser plus d’une intervention, et il est fréquent de ne pas en faire du tout.

Ces trois exemples illustrent le fondement de la méthode, que l’on peut résumer par ces 5 mots : connaissance, analyse, raisonnement, prophylaxie, prévention.



Ensuite, il faut ajouter que la transition de l’agriculture conventionnelle à la Production Intégrée est essentiellement un problème de volonté et de formation. C’est facile. Dans la mesure où, comme je vous l’explique plus loin, la chimie est évitée chaque fois que c’est possible, mais ce n’est pas un critère de refus, la transition ne représente pas un gros sacrifice pour l’agriculteur, comme ça sera le cas pour la Production Biologique ou Biodynamique (voir mes deux articles sur ces modes de production). Il devra mettre en œuvre certains processus de surveillance et de contrôle, se former s’il ne l’est pas et former son personnel, mais cet investissement technique et humain est directement « payé » par les économies réalisées par la baisse de la consommation d’eau d’irrigation, de fertilisants et les pesticides. Un agriculteur, même s’il se désintéresse des problèmes environnementaux, a intérêt à utiliser les méthodes de Production Intégrée. Ce simple constat donne une puissance énorme à la méthode, et explique sa généralisation, d’abord à tous les pays industrialisés, puis progressivement aux pays en développement.

Le frein principal à sa généralisation complète est le manque d’instruction et de formation. Dans certains cas, ce manque est compensé par la mise en place de réseaux de conseil et de développement technique, mais ce n’est pas encore partout le cas.



Il existe un certain nombre de certifications en Production Intégrée, mais actuellement, il n’y a pas de marché spécifique. Pour quelle raison ? Et bien simplement parce que les metteurs en marché, et en particulier les supermarchés, sont très réfractaires à proposer une troisième ligne de produits. Je vous en ai déjà parlé. La communication sur le bio est limitée au strict minimum (« Bio = pas de traitement » et c’est tout, alors que c’est parfaitement faux, et quelquefois, très directement « Non bio = poison », ce qui est carrément mensonger et scandaleux). S’il n’y a pas de communication explicite, c’est que c’est du conventionnel. Et vous, pauvres consommateurs ignorants et manipulés, vous ne vous posez pas de questions. Vous achetez du « non traité », ou simplement vous achetez de la nourriture. Certains pensent peut-être qu’ils s’empoisonnent, par ignorance et surtout par une contre communication, de la part des mouvements bio, extrêmement efficace, même si elle part d’un postulat totalement faux.

Les gens qui vous vendent cette nourriture vous considèrent comme des imbéciles, incapables de comprendre, et/ou incapables d’apprendre. Or, ce qu’on ne vous dit pas, c’est qu’une très large majorité des produits alimentaires vendus comme conventionnels, sont cultivés par des méthodes de Production Intégrée, même s’ils ne sont pas toujours certifiés.



Concrètement, comment cela se traduit-il pour votre nourriture ?

Qu’elle est produite selon des règles de gestion agronomique, de protection de l’environnement et avec le respect du consommateur.

Ça vous rappelle quelque chose ? Ah oui, c’est aussi ce que vous disent les produits bio. Non ? Mais moi, je vais ajouter quelque chose, que vous croirez ou non. La majorité des produits chimiques utilisés en Production Intégrée ne sont pas plus dangereux, pour la santé et pour l’environnement, que beaucoup de produits bio. Et plus encore, les aliments issus de la Production Intégrée sont beaucoup plus et beaucoup mieux contrôlés que les mêmes aliments issus de la Production Biologique.

Et je vais vous faire une confidence, puisqu’on y est, à parler de sujets qui fâchent. Fin Octobre, j’ai eu une réunion très intéressante et instructive avec un des principaux laboratoires d’analyses agricoles au niveau européen. Nous parlions de résidus de pesticides. Savez-vous qu’une grande quantité de productions biologiques reçoivent des traitements chimiques une ou plusieurs fois au cours du cycle de production ? Les laboratoires le savent, puisque ce sont eux qui font les analyses. Ils n’en parlent pas, car les règles de confidentialité leur interdisent d’en parler concrètement, et les résultats sont seulement transmis aux titulaires des échantillons. Ces traitements sont toujours appliqués loin de la récolte, de manière à ne pas laisser de résidus sur les aliments.

Pourquoi cette situation ? A cause la tyrannie du marché. Car un agriculteur en Production Biologique, s’il doit résoudre un problème qui n’a pas de solution bio, en utilisant un produit chimique, perd immédiatement le droit de vendre l’aliment comme bio. Il aura fait tous les efforts pour faire du bio, et il en perdra tous les bénéfices économiques. Ce genre de situation est fréquent, et actuellement, les solutions bio ne couvrent pas la totalité des besoins.

C’est pour cela que la Production Intégrée reçoit un franc succès auprès des agriculteurs, même si vous ne le savez pas, puisque personne ne vous en vante les mérites. L’agriculteur en Production Intégrée n’a pas besoin de mentir ou de cacher certaines vérités non admises, puisque l’usage de la chimie, même s’il est règlementé, y est autorisé.

La Production Intégrée est, à l’heure actuelle, le seul moyen de produire des aliments sains, à grande échelle, dans le respect des consommateurs, de l’environnement et des ouvriers de la ferme. Les méthodes qui refusent la chimie ne peuvent pas produire des quantités importantes et sur des surfaces importantes, sans subir des problèmes insolubles, mettant en jeu la survie des fermes, ou sans tromperie.





Afin que vous compreniez tout ce que l’agriculteur réalise au quotidien dans ses champs pour gérer correctement ses cultures, je vais vous faire une énumération d’actions qui peuvent être réalisées dans le cadre de cette méthode production. Il est évident qu’à tout ça, s’ajoutent les travaux des champs normaux, qu’ils soient mécanisés ou manuels, de labours, taille, récolte, etc.

Je ne vais pas essayer de vous faire croire que ça se fait seulement en Production Intégrée. Ce n’est pas le cas, les agriculteurs bio et biodynamiques le font aussi. Mais si je vous en parle dans ce chapitre, c’est pour vous faire comprendre que l’agriculture n’est plus la même qu’il y a 30 ans. Ce que je vous décris ici est la réalité de la très large majorité des produits alimentaires que vous allez trouver, aussi bien sur les marchés que dans les magasins. Si ce n’est pas du bio, c’est très probablement de la Production Intégrée.



Principes:

-          L’observation: aucune intervention ne se réalise sans une observation préalable de la situation. C’est vrai pour les traitements pesticides, bien sûr, mais aussi pour la nutrition, l’irrigation, les travaux du sol ou les interventions sur la culture elle-même (taille, éclaircissage, récolte).

-          L’analyse: il s’agit autant d’analyser correctement les situations concrètes que l’envoi d’échantillons au laboratoire. On va ainsi pouvoir analyser le sol, l’eau d’irrigation, les feuilles, les rameaux, les fleurs, les fruits, les racines, les parties malades, les résidus de pesticides, les métaux lourds, les risques hygiéniques. Il s’agit de mesurer précisément tous les éléments possibles pour les intégrer dans les décisions finales.

-          La prophylaxie: c’est un des piliers de la méthode. Tous les moyens aidant à l’équilibre de la culture ou à éviter les problèmes sont priorisés. Ça peut être le choix du porte-greffe, l’implantation de zones non cultivées pour améliorer la biodiversité sur la ferme (jachères, haies, etc.), le drainage, le nettoyage manuel ou mécanique des zones infestées, le choix de variétés résistantes, la formation des vergers pour favoriser la ventilation de la frondaison (donc la réduction des ambiances excessivement humides, favorables au développement de maladies), l’implantation d’enherbement pour limiter l’érosion des sols et/ou leur compactage, etc.

-          La prévention: une fois mises en place les mesure prophylactiques nécessaires, il s’agit de bien gérer la culture pour ne pas créer les conditions favorables au développement des parasites. C’est par exemple l’équilibre nutritionnel (ni trop, ni trop peu, et toujours au bon moment), l’aération de la frondaison par la taille, le choix des produits ou techniques utilisés pour ne pas affecter la faune utile, etc.

-          Les méthodes non chimiques: il s’agit, par exemple, de favoriser l’installation de prédateurs naturels sur la ferme, grâce à l’installation de nichoirs ou de perchoirs, ainsi que par l’implantation de zones de biodiversité, ou encore les méthodes de lutte non chimiques comme le piégeage massif pour certains insectes ou la confusion sexuelle, ainsi que l’installation de filets anti-insectes. Il peut aussi s’agir de l’utilisation des lâchers d’insectes auxiliaires.

-          L’utilisation de seuils d’intervention pour les traitements pesticides, avec suivi des dynamiques des maladies et des populations des insectes ravageurs et de leurs prédateurs. Les seuils prennent en comptes les deux populations antagonistes, de manière à retarder ou annuler l’intervention si la dynamique du prédateur permet d’assurer le contrôle naturel sans dégât.

-          L’utilisation de pesticides bio, lorsque leurs caractéristiques d’efficacité  et de profil écologique sont équivalents ou meilleurs que ceux des pesticides chimiques disponibles (ce n’est pas toujours le cas). Il s’agit de traitements avec des bactéries, des virus ou des champignons microscopiques, sans aucune conséquence négative sur l’environnement ni les organismes auxiliaires. Il peut aussi s’agir d’extraits naturels de plantes variées, dont l’efficacité pesticide est avérée. Mais ces derniers produits ne sont pas toujours inoffensifs pour l’utilisateur, l’environnement, ou le consommateur, donc il faut les manier avec les mêmes précautions que les pesticides chimiques.

-          Le choix des pesticides chimiques est fait en fonction de critères précis d’efficacité, de rémanence (durée d’action), d’effets secondaires sur l’environnement (sol, eau, air, faune, flore, insectes utiles), sur les prédateurs naturels et sur la santé humaine, et de risque de résidus sur l’aliment final.

-          La gestion du sol : c’est une des bases fondamentales. La plante vit et se nourrit sur un sol qu’elle n’a pas choisi, mais dans lequel elle doit pouvoir trouver tout ce dont elle a besoin. Les éléments minéraux qui lui servent de nourriture y sont dissouts dans l’eau, qu’elle absorbe par les racines. Si l’agriculteur n’entretient pas correctement ce sol, il va s’appauvrir et s’éroder, bref, se dégrader. Une bonne gestion du sol consiste d’abord à maintenir sa fertilité, son aération, son niveau d’humidité et tous les critères qui vont permettre à la vie microbienne du sol de maintenir toute son activité. Ça passe par une réincorporation de tous les reste des cultures précédentes (pailles, bois de taille, etc.), de réaliser, s’ils sont nécessaires, des travaux d’aération du sol (décompactage, scarification), et d’assurer à la fois une irrigation correcte et un bon drainage. Un enrichissement à base de matière organique (fumier ou compost) et d’éléments fondamentaux (calcium, soufre, magnésium par exemple) est possible pour récupérer un sol dégradé ou pour enrichir un sol pauvre. Les apports d’engrais ne servent qu’à compenser les éléments qui ont été extraits du sol par l’aliment produit (grains, fruits, légumes, etc.). Ils doivent être réalisés à des moments précis et dans des quantités précises, à calculer selon le cas. C’est sans doute le point le plus complexe. J’y consacrerai un ou plusieurs articles spécifiques. Mais il ne faut jamais oublier qu’un sol mal géré donnera des cultures fragiles, mal alimentées, sensibles aux maladies et aux ravageurs.



Méthodes et moyens:

-          La formation: c’est la base. Tous les opérateurs et intervenants doivent être correctement formés dans leur spécialité. Sans formation, il n’y a pas de Production Intégrée possible. Il est indispensable de bien connaitre la culture, ses caractéristiques et ses besoins, les conditions agronomiques, les risques climatiques, ainsi que ses maladies et ravageurs de manière très détaillée. Dans le cas où la connaissance de la culture est insuffisante, l’agriculteur devra être conseillé par un ou plusieurs spécialistes.

-          La méthodologie de surveillance: chaque culture a ses propres problèmes et ses propres impératifs. Chaque culture a des protocoles adaptés. La surveillance est variable en fonction du moment du cycle de la culture et du risque. Une bonne connaissance de la culture et de ses problèmes phytosanitaires permet d’adapter la méthodologie de surveillance.

-          La gestion technique: elle commence par établir les stratégies à privilégier dans chaque situation. Elle exige des responsables préparés ou des intervenants extérieurs spécialisés. Il s’agit de préparer, à l’avance, une liste des situations à risque, et des interventions possibles en fonction des problèmes rencontrés. Cela permet de réagir plus vite. Intervenir au bon moment et de manière adaptée  est un important facteur de réussite.

-          Équipements matériels: il s’agit des machines et des outils qui vont être nécessaires dans chaque situation. Ce sont les machines de traitement adaptées à la culture, les buses anti-dérive pour éviter que les traitements puissent contaminer accidentellement les cultures voisines, les outils de travail du sol adaptés au terrain et aux problématiques de chaque ferme.

-          Matériels spécifiques de surveillance : il s’agit de matériel de surveillance phytosanitaire (loupe, microscope, pièges de surveillance), de mesure météorologique, de sondes d’humidité du sol, de capteurs d’activité photosynthétique, de grossissement micrométrique de la plante, de flux de sève, ou de potentiel hydrique des feuilles. Il peut aussi s’agir de survol des cultures par avion, ou désormais par drones équipés de caméras thermiques ou infra-rouge (permettant de déterminer les zones non homogènes dans lesquelles les plantes ne sont pas saines).



Les analyses:

-          Analyses de sol: elles permettent d’en connaître la structure, la texture, la composition chimique, les risques d’érosion ou de compactage, la fertilité, les risques de carences, de blocages ou d’excès nutritionnels, donc d’adapter les méthodes culturales (travaux du sol), le type de fertilisation, l’adaptation du système d’irrigation, le choix de porte-greffe selon les cultures, etc.

-          Analyses d’eau: elles servent surtout à en connaitre la composition chimique, de manière à en utiliser tous les éléments disponibles dans le plan de nutrition. Les eaux ne sont pas toutes équivalentes (comme vous pouvez le voir en comparant les étiquettes d’eaux minérales). Par exemple, la présence de nitrates dans l’eau d’irrigation va permettre de réduire les apports d’azote à la culture dans les mêmes proportions. Un excès de fer ou de calcaire dans l’eau d’irrigation va conduire à des obstructions des systèmes de goutte à goutte, donc il faudra en tenir compte le projet et dans la maintenance du réseau d’irrigation.

-          Analyses d’organes végétaux: elles permettent de connaître la composition chimique du végétal, donc d’en connaître l’état nutritionnel. Pour chaque culture, il existe des protocoles connus d’analyses végétales qui déterminent le moment du prélèvement, le type d’organe à prélever, la méthodologie analytique à utiliser, ainsi que les normes d’interprétation des résultats. On peut ainsi analyser les feuilles, les rameaux, les fruits, les racines, les fleurs, et pratiquement tous les organes végétaux.

-          Les analyses phytosanitaires : on y recourt en cas de symptôme inconnu ou de situation douteuse. C’est parfois le seul moyen pour résoudre un problème phytosanitaire ou pour choisir le traitement adapté. Seule la connaissance de la maladie ou du parasite, comme chez les humains, permet de choisir le traitement efficace.

-          Les analyses de résidus: c’est le moyen de savoir, au moment de la récolte, si les aliments qui vont être commercialisés sont en accord avec les législation en vigueur (si ce n’est pas le cas, il faut en retarder la récolte, et si ce n’est pas possible, ils doivent être détruits), ou s’il sont aux normes des clients qui exigent des niveaux inférieurs. Des analyses sont également réalisées en destination.



Toutes ces techniques et méthodes, mises en combinaison, sont avant tout des outils de prise de décision. L’agriculteur dispose ainsi de moyens objectifs lui permettant d’intervenir de manière adaptée dans chaque situation.



Le but général est : j’interviens chaque fois que c’est nécessaire, de la manière la plus adaptée, de façon à avoir une efficacité optimale, en évitant de provoquer des déséquilibres collatéraux, qui risqueraient d’entrainer le besoin d’intervenir sur un problème que j’aurai provoqué moi-même.

Autrement dit, j’essaie d’analyser toutes les interactions en jeu avant de prendre la décision de la pertinence et du type d’intervention.



La production intégrée a su prendre le meilleur de tous les systèmes productifs, en se débarrassant des côtés idéologiques. Il s’agit d’un système très pragmatique, et surtout très technique. L’idéologie a laissé la place à la technique.



Certains pays, comme l’Espagne, l’ont inscrit comme objectif de l’actuel Plan National d’Action concernant l’agriculture. Il s’agit de remplacer totalement la Production Conventionnelle par la Production Intégrée partout où ce n’est pas encore le cas.



A mon avis, c’est très clairement l’avenir de l’agriculture mondiale, beaucoup plus que la Production Biologique. La tendance est cependant d’introduire toujours plus de techniques et produits biologiques dans la Production Intégrée. Arriverons-nous un jour à n’utiliser que des produits biologiques en agriculture ? Sincèrement je ne le crois pas. La chimie offre des possibilités différentes, que la Nature ne connait pas. Le tout est d’oublier le dogmatisme, tout en imposant aux entreprises chimiques et aux utilisateurs des cahiers des charges qui évitent les dérives environnementales.

Les enjeux d’avenir sont de respecter la planète pour éviter de la détruire, mais aussi d’alimenter la population mondiale qui ne cesse d’augmenter. Pour les 50 prochaines années, si on sait répartir correctement les aliments disponibles aux populations qui en ont besoin, la production mondiale est suffisante pour alimenter tout le monde. Par contre à plus longue échéance, si on combine la réduction des terres cultivables (progression des villes, zones de désertification) avec l’augmentation de la population, il est impératif d’apprendre à produire plus.

Produire plus ne veut pas forcément dire polluer. C’est là qu’intervient la Production Intégrée.

Car si elle est bien faite, elle est nettement plus productive que la Production Biologique, et ne détériore pas plus l’Environnement, voire, dans beaucoup de cas, le détériore moins.

Il est possible que dans 50 ans, les choses aient changé, mais c’est vrai dans l’état actuel des connaissances.



Alors soyez confiants, si vous êtes préoccupé par la qualité de vos aliments, rien ne vous oblige actuellement à acheter bio, quoi qu’on vous raconte. Vous pouvez acheter des produits normaux sans risques. Ils n’ont jamais été autant contrôlés, et sont sans aucun danger pour la santé. Et dans le même temps, ils ont été cultivés avec un impact minimal sur l’Environnement.



La Production Intégrée, mais puisque je vous dis que c’est l’avenir !!!


Dans les prochains chapitres, je ne sais pas encore dans quel ordre, je vous parlerai de permaculture, d’agriculture durable et d’agriculture éthique.

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